Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

Le système éducatif marocain se trouve aujourd’hui dans un contexte véritablement contraignant dans le sens où d’une part, les politiques de sa réforme se succèdent depuis la mise en place en 2000 de la charte nationale de l’éducation et de la formation, jusqu’à l’adoption en 2015 de la vision stratégique 2015-2030 et d’autre part, les résultats de ces politiques de réforme sont loin d’être à la hauteur des objectifs fixés et de l’importance des efforts de financement déployés par l’autorité gouvernementale.
Face à cela, une multitude d’études nationales et internationales a permis de relater un ensemble de facteurs qui pourrait expliquer les causes de cette situation. Parmi ces facteurs, la thématique de la gouvernance est revenue plusieurs fois, en particulier dans les derniers rapports du CSEFRS.
C’est dans ce contexte particulier que nous avons entamé ce travail de recherche dont la question centrale est d’étudier si il existe d’éventuelles relations d’influence de la gouvernance du système éducatif marocain sur la réussite scolaire des élèves en prenant comme étude de cas pratique la région de Rabat Salé Kénitra. L’intérêt de cette recherche est double, il s’agit d’abord d’un intérêt théorique, dans la mesure où ce travail a permis de proposer un modèle théorique de gouvernance des systèmes éducatifs et en particulier de la gouvernance locale au sein des établissements scolaires. L’analyse des liens d’influence de la gouvernance sur la réussite scolaire des élèves ne pourrait être assurée sans cette délimitation théorique. Le deuxième intérêt est pratique, eu égard à la problématique qui a été étudiée dans le contexte du système éducatif marocain à travers la mise en œuvre d’une enquête terrain dans la région pilote de Rabat Salé Kénitra.
La revue de la littérature et l’étude de quelques expériences internationales, a permis de bien situer l’architecture et la consistance du modèle théorique de gouvernance des systèmes éducatifs. Ce dernier s’articule autour de deux grandes perspectives. La perspective verticale à travers laquelle, cette recherche a approfondi un ensemble d’aspects sur la vision, l’approche et les modalités à adopter pour la conduite du processus de décentralisation et le positionnement de la centralisation sur les différents paliers de management du système éducatif. Quant à la perspective horizontale, la réflexion a cerné les choix et les modalités de mise en place des mécanismes de régulation en accompagnement à la mise en oeuvre du processus de décentralisation. Le référentiel théorique développé a intégré en particulier la structure et les caractéristiques du modèle de gouvernance locale au sein des établissements scolaires en étant guidé essentiellement par la qualité des apprentissages des élèves et leur réussite scolaire.
Partant de ce référentiel, ce travail de recherche s’est attelé à étudier trois volets fondamentaux : l’état des lieux de la gouvernance du système éducatif marocain, les facteurs découlant de l’architecture du modèle de gouvernance qui influencent jusqu’à un certain degré la réussite scolaire des élèves et enfin, la préconisation d’un modèle de gouvernance améliorée tenant compte des spécificités du système éducatif marocain. Cette étude pratique s’est déroulée à travers la mise en oeuvre de l’enquête terrain en optant d’une part, pour un questionnaire destiné à un échantillon largement représentatif des chefs d’établissements et d’autre part, pour une série de réunions d’entretien individuel et de focus-groupe avec les acteurs et les partenaires clés du système sur les paliers central, régional et provincial.
La présente recherche, sur la base des résultats de l’enquête terrain, a permis quelques conclusions dont ces deux qui nous semblent importantes. La première confirme les grandes opportunités que pourrait créer une meilleure gouvernance du système éducatif marocain en faveur de l’amélioration de ses performances dont en particulier la réussite scolaire des élèves. La deuxième conclusion met en évidence l’impact direct de deux catégories de variables clés sur la réussite scolaire des élèves. Il y a d’abord, celles qui portent sur l’environnement socio-économique des élèves. Toute en relevant les difficultés à maîtriser par les responsables du système éducatif cet aspect exogène, l’analyse découlant de l’enquête terrain a montré clairement son influence sur la réussite scolaire des élèves. Il y en outre, les variables qui relèvent de l’environnement interne de l’établissement. Pour cet aspect endogène au système, les résultats pratiques ont mis l’accent sur la taille de l’établissement scolaire, le profil académique et professionnel du chef d’établissement, le niveau d’appui administratif et pédagogique apporté à l’établissement scolaire et les composantes cruciales du modèle de gouvernance scolaire locale. Pour ce dernier, l’impact se voit plus intéressant en prenant en compte les capacités de leadership transformationnel du chef d’établissement, la dynamique créée par l’instauration des communautés professionnelles des apprentissages et le leadership pédagogique des enseignants.
Certes, la pertinence du modèle préconisé par cette recherche par rapport à la gouvernance globale du système éducatif et à la gouvernance au sein des établissements scolaires, pourrait être justifiée et appuyée par les résultats de l’enquête terrain, il est cependant impératif de prendre en compte le contexte politique, social et économique du pays, la complexité et les spécificités du système éducatif national dans le processus de mise en oeuvre effective de ce modèle. Il y a lieu de souligner à cet égard, les difficultés rencontrées à élucider cette zone d’ombre que ce travail de recherche n’a pas pu aborder.