Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

Les rapides progrès dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC), conjugués aux efforts soutenus visant à libéraliser le commerce international et les investissements dans les services, ont renforcé la « commerciabilité » des services et créé de nouveaux types de services échangeables. Cela s’est traduit, dans un second temps, par une nouvelle vague de mondialisation dans le secteur des services, avec la délocalisation désormais de plus en plus fréquente de types particuliers d’activités de services, comme cela fut le cas pendant de nombreuses années dans le secteur manufacturier.
De nouveaux développements technologiques permettent maintenant d’exécuter un grand nombre d’activités de services indépendamment de leur localisation géographique, et leur production et leur prestation n’ont plus besoin de se dérouler au même endroit. En conséquence, de nombreux emplois de bureau, autrefois protégés, sont désormais exposés à la concurrence internationale.
Malgré l’intérêt considérable que les médias accordent à la délocalisation apparente des emplois du secteur tertiaire, on ne sait pratiquement rien de l’ampleur de ce phénomène ni dans quelle mesure il est lié à d’autres évolutions économiques et structurelles. Ce document s’inspire, tout en l’approfondissant, d’une analyse détaillée antérieure des données d’emploi pour certains pays de l’OCDE qui cherchait à déterminer le nombre d’emplois susceptibles d’être touchés par l’externalisation à l’étranger des services informatiques et des services fondés sur les TIC (van Welsum et Vickery, 2005a). En prenant en compte les emplois de bureau aussi bien faiblement qualifiés que fortement qualifiés qui pourraient être touchés par l’externalisation mondiale des services, cette analyse suggérait que près de 20 % du total des emplois étaient susceptibles d’être affectés par la délocalisation des services fondée sur les TIC. Elle a également montré que des secteurs tels que les services aux entreprises (par exemple comptabilité, conseil), les services financiers et la recherche et développement couvrent une part relativement importante de ces emplois. Il est essentiel de garder à l’esprit que l’expression « susceptibles d’être affectées par la délocalisation » concerne des activités qui peuvent s’installer dans un pays ainsi que celles qui quittent un pays, sans oublier celles générées dans le pays même. Les services délocalisés entrants provoqueraient une augmentation de la part des emplois susceptibles d’être affectés par la délocalisation, tandis que les activités de services qui quittent le pays entraîneraient une diminution relative de cette part.
Ce rapport va plus loin que cette analyse en examinant les relations qui existent entre la part des emplois susceptibles d’être affectés par la délocalisation et d’autres évolutions économiques et structurelles, en utilisant quelques régressions descriptives simples appliquées à un panel de pays de l’OCDE entre 1996 et 2003. En particulier, on donne une première estimation de la relation statistique entre la part des emplois susceptibles d’être affectés par la délocalisation dans le secteur des services, les échanges de services aux entreprises et les investissements directs étrangers. Contrairement à une idée répandue, l’analyse développée ici ne relève pas de signe systématique de l’existence d’un lien entre l’investissement net à l’étranger ou les importations de services aux entreprises et une diminution significative de la part des emplois susceptibles d’être affectés par la délocalisation, au moins au niveau global. Il apparaît que les exportations de services aux entreprises ont un lien statistique positif avec la part des emplois susceptibles d’être affectés par la délocalisation, ce qui donne à penser que les hausses de la demande et de la production ont également renforcé la demande pour ces types d’emplois fondés sur les TIC. Les autres facteurs clés associés de manière positive à la part des emplois susceptibles d’être affectés par la délocalisation sont l’importance du secteur tertiaire, la part croissante de l’investissement en TIC dans l’ensemble des investissements fixes et le capital humain.
Bien qu’il n’y ait pas de données officielles directes qui mesurent l’ampleur de la délocalisation, il est communément admis qu’elle pourrait beaucoup s’accentuer même si c’est encore un phénomène relativement limité. L’objet de ce rapport est de contribuer au débat sur la délocalisation en examinant en détail certaines données relatives aux échanges de services et à l’emploi qui pourraient apporter de nouveaux enseignements sur son importance actuelle, ainsi qu’en effectuant une analyse économétrique descriptive simple des facteurs associés statistiquement aux variations de la part globale des emplois susceptibles d’être affectés par la délocalisation des services rendue possible par les TIC.
Ce document s’articule comme suit. La section qui suit commente les ouvrages sur lesquels se fonde l’analyse. La section 3 traite brièvement de l’état des connaissances sur l’importance de la délocalisation et présente le point de départ de l’analyse. La section 4 décrit les statistiques qui sous-tendent l’analyse ainsi que les données et le modèle utilisés. Les résultats sont résumés à la section 5 et la dernière section tire un ensemble de conclusions. L’analyse et les résultats sont développés en détail dans une annexe technique.