Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

L’effectif des jeunes (18-34 ans), qui ont répondu au questionnaire de « Generation What? », est de 1890 dont 54,8 % de femmes et 45,2% d’hommes. 68,3 % vivent encore avec leurs parents, 55,7 % sont encore étudiants. Les questions posées aux jeunes sont en rapport avec leurs préoccupations et leur vie au quotidien : leurs représentations (de la vie adulte, de la société, de l’avenir, du bonheur), leurs attitudes (à l’égard des institutions politiques, la sexualité, l’égalité entre les hommes et les femmes, le harcèlement), leurs engagements politiques et civiques. Parmi les conclusions de l’étude, trois méritent d’être retenues.
• Les jeunes sont attachés à leur autonomie. Sur plusieurs questions liées à la liberté de croire et de pratiquer sa religion, au choix du conjoint jusqu’à à la responsabilité, les jeunes approuvent majoritairement l’autonomie de l’individu.
• Les jeunes se démarquent, sur le plan social et culturel, de la génération des adultes. Ils sont plus tournés vers l’avenir que vers le passé. Ils ont tendance à transgresser les normes, ils sont peu conformistes et peu attachés aux valeurs anciennes. Il se dessine chez les jeunes le portrait du hors système : celui qui pourrait être heureux sans famille, réussir leur vie sans travail, ni famille.
• Les jeunes sont optimistes quant à l’avenir, ils considèrent que leur vie est meilleure que celle de leurs parents, et que celle de la génération suivante sera meilleure que la leur. Cependant, ils restent largement pessimistes et sceptiques, notamment, à l’égard de la politique. Ils sont frustrés par le jeu politique et démocratique. Le domaine de la politique est le domaine des frustrations les plus explicites. Ces frustrations ne sont plus uniquement situées sur le plan matériel, elles se concentrent aussi sur des valeurs ‘post matérialistes’ revendiquées par les nouveaux mouvements sociaux. Les tensions sociales et les conflits sociaux seront de plus en plus d’ordre axiologique et non seulement matériels et économiques (la lutte contre le chômage notamment). Les frustrés et les révoltés seraient ceux qui cueillent le plus les fruits du système social et politique. Plus la société marocaine se développe sur le plan matériel et intellectuel, plus la proportion des jeunes frustrés, auxquels feront face les hommes politiques, augmentera.