Auteur :
Zyani
Brahim
Type : Actes de congrès / Séminaire / Atelier
Thème : Etat – Politique
Couverture :
Maroc
La présente étude se propose d’analyser les liens pouvant être établis entre deux politiques publiques importantes : la décentralisation d’un côté, la réforme administrative de l’autre. Il s’agit d’examiner dans quelle mesure il existe ou non une interaction positive entre ces deux volets de l’action publique utilisés par les pouvoirs publics marocains en vue d’accélérer le processus de modernisation de la société marocaine. Par interaction positive on désigne toute relation directe ou indirecte qui se traduit par un effet réel pouvant être facilement démontré ou constaté.
A titre d’exemple nul au Maroc ne peut contester le fait que la décentralisation territoriale ait été à l’origine de l’intérêt croissant et soutenu accordé à la question de la déconcentration, à tel point que celle-ci a fini par devenir une dimension essentielle de la politique de réforme administrative. De même, il va sans dire que la modernisation de l’administration centrale à elle seule- à supposé que cet objectif soit atteint- serait facilement considérée comme une action insuffisante si les avancées réalisées à ce niveau ne sont pas relayées par des actions similaires d’amélioration des conditions de fonctionnement de l’administration territoriale. Certes, la politique de décentralisation peut, à bien des égards, apparaître comme un prolongement de la politique de réforme administrative ; mais ce serait une erreur stratégique grave de réduire la décentralisation à un simple chapitre de la réforme administrative.
La décentralisation est un choix sociétal et politique de haute importance qui, par sa nature intrinsèque même, excède le périmètre du champ purement administratif. Cependant il ne suffit pas pour une nation de s’engager dans un processus de décentralisation pour gagner le pari de la modernisation de son système de gestion publique. Le cas du Maroc illustre bien les relations complexes qui sont établies entre ces deux politiques publiques que l’Etat s’efforce de mener de pair. En effet bien qu’un système de gouvernance locale moderne, dynamique , diversifié et globalement autonome s’est progressivement mis en place dans ce pays, il est néanmoins paradoxal de constater que ce processus n’a pas pour autant atténuer la tendance centralisatrice de l’administration marocaine, il n’a pas non plus aidé ni à l’adaptation des structures administratives centrales ni à l’adoption de méthodes modernes non bureaucratiques pour s’occuper des demandes sociales et répondre aux attentes des citoyens.
Pourtant du double point de vue théorique et pratique les deux volets de l’action publique que sont la décentralisation et la réforme administrative peuvent être envisagés de manière complémentaire, l’une par rapport à l’autre : analysée sous l’angle de la décentralisation la réforme administrative gagne en légitimité en opérant une nette focalisation sur des problèmes de terrain qui empêchent des actions d’adaptation organisationnelles ou des mesures de changement d’ordre fonctionnel d’aboutir. Autrement dit, appliquée à la réforme administrative, la décentralisation contribue à augmenter sa portée aux yeux de la population dans la mesure où la réforme décentralisée s’attaque aux obstacles procéduriers ou tend à améliorer les conditions d’accès du plus grand nombre aux prestations fournies par les administrations. Par ailleurs une politique de décentralisation qui prend en compte la dimension réforme administrative - et non seulement des aspects purement politiques ou démocratiques- aura plus d’effet sur l’environnement local car étant mieux soucieuse d’efficacité et de performance des services décentralisés. Avant d’analyser les interrelations et liens réciprocité existant entre politique de décentralisation et politique de réforme administrative au Maroc, il convient tout d’abord de présenter respectivement les caractéristiques essentielles de la décentralisation territoriale et l’évolution récente de la politique de réforme administrative au Maroc.