Auteur :
SOUDI
Khalid
Type : Etude
Thème : Travail et Emploi
Couverture :
Maroc
L’évaluation de la discrimination salariale a le mérite de constituer une sorte de révélateur indirect de l’ampleur du phénomène général de la discrimination entre hommes et femmes. Si, dans les meilleurs des cas, cette évaluation peut indiquer dans quelle mesure le principe "travail égal, salaire égal" n’est pas respecté, il est évident qu’elle ne peut expliquer la totalité de l’écart salarial entre les deux sexes. Les différences en termes de capital humain et autres caractéristiques individuelles observables, l’accès inégal à certaines catégories d’emplois, la stabilité dans le travail, sont autant de facteurs qui expliquent les différences de salaires entre hommes et femmes. En 1998, dans le milieu urbain, la discrimination salariale explique près de 63.8% de l’écart de salaire estimé entre hommes et femmes âgés de 15 à 50 ans. Elle est due essentiellement au "désavantage féminin" qui en constitue 92.0%. La part expliquée par les différences de capital humain est de 10.0%, et celle afférente aux différences des autres caractéristiques individuelles est de 26.2%. Dans le secteur public, l’écart salarial estimé se partage à peu près également entre la part expliquée par les différences de caractéristiques individuelles (55.1%) et la part attribuée à la discrimination salariale entre hommes et femmes (44.9%). Dans le secteur privé, la discrimination salariale atteint son apogée, puisqu’elle explique 87.5% de l’écart salarial. Analysée par classes de salaires, la discrimination salariale est plus éminente dans le bas de la distribution que dans le haut : elle explique 82.5% de l’écart salarial parmi les trois premiers quintils de salaires contre 33.3% dans les deux derniers où se concentrent les salaires élevés. Le fait d’isoler le biais de sélection a montré que la contribution du désavantage féminin dans la discrimination salariale a enregistré une hausse importante. Ce qui laisse à penser que la discrimination salariale à l'égard des femmes est essentiellement due au désavantage féminin synonyme d'une pénalisation salariale.