Auteur :
Azizi
Amal
Année de Publication :
2014
Type : Thèse / Mémoire
Thème : Agriculture
Couverture : Tunisie
Ce travail présente la diversité foncière des exploitations agricoles du périmètre irrigué « Brahmi » dans la vallée de la Medjerda (nord-ouest de la Tunisie) et leurs conséquences sur le fonctionnement des exploitations.
40 agriculteurs ont été enquêtés, pour caractériser les modes de faire-valoir et analyser l’émergence de nouveaux arrangements fonciers, qui fournissent au système une certaine souplesse.
Nous avons utilisé des méthodes multivariées (ACP, ACM, CAH) pour élaborer une typologie des exploitations agricoles et de leur accès à la terre. Nous avons ensuite croisé différentes variables dans des tableaux de contingence pour tester la dépendance entre le fonctionnement des exploitations agricoles et leurs caractéristiques foncières.
Notre typologie met en évidence une grande diversité des exploitations agricoles et une hétérogénéité de leurs systèmes de production, en rapport avec leur situation foncière, en particulier la surface exploitée et le mode de faire-valoir (propriété, attribution de l’Etat, différentes formes de location…).
Nos résultats montrent que la succession des divisions de la propriété par héritage et le gel des titres fonciers non régularisés ont fait évoluer le système foncier vers un fort morcellement et un blocage lié à l’indivision, ce qui empêche la modernisation d’une partie des exploitations.
Le mode de faire-valoir indirect est dominant dans ce périmètre : il est présent dans 70% des exploitations de notre échantillon. Il a dynamisé le marché foncier, très peu actif en termes d’achat vente, et permet le dépassement des contraintes de morcellement et de certaines contraintes culturales.
Ainsi, les plus grandes exploitations sont souvent formées à la fois de terres possédées et de terres louées. La location permet aussi à des propriétaires céréaliculteurs de rompre la monoculture en donnant régulièrement une partie de leurs terres en location à des maraîchers. Les locataires présentent aussi une source d’innovation dans ce périmètre, ce sont par exemple eux qui pratiquent le plus l’irrigation localisée et les contrats avec l’agro-industrie de la tomate. Nous avons observé aussi bien des locations formelles et que des locations informelles, des locations de courte durée (campagne) et des locations pluriannuelles, des locations légales et des locations illégales.
L’analyse des résultats montre une forte liaison entre les statuts fonciers, le fonctionnement des exploitations agricoles et leurs performances économiques. En effet les locataires capitalistes, les grands agriculteurs propriétaires et locataires, les locataires éleveurs et les grands éleveurs propriétaires et locataires pratiquent des rotations régulières et équilibrées (triennales et quadriennales) et dégagent des revenus élevés. A l’inverse, les locataires précaires, les petits propriétaires héritiers d’exploitations très morcelées, et les petits et moyens éleveurs sont orientés vers des rotations plus courtes (biennales, voire vers la monoculture) et dégagent des revenus faibles à très faibles.
Dans tous les cas, la redevance hydraulique ne représente qu’une faible partie des coûts de production ; les charges d’irrigation sont donc dans l’ensemble tout à fait supportables par la majorité des systèmes en place. Cependant, le fait que de nombreuses exploitations n’atteignent plus le seuil minimal de surface considéré comme permettant la viabilité par les autorités (5 ha), devrait conduire à s’interroger sur le soutien à apporter aux petites exploitations, par exemple en termes de crédit agricole, y compris pour les locataires, mais aussi à réfléchir aux mesures qui permettraient de promouvoir l’intensification des surfaces où elle est faible.