Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

La contribution spécifique et la détermination des politiques qu’il convient d’encourager pour atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto et pour d’ici 2050 diviser les émissions mondiales de GES (gaz à effet de serre) par 2, ne découlent pas directement et exclusivement, dans le domaine de l’agriculture et des forêts, des inventaires nationaux des émissions sous le format CCNUCC (Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique) en vigueur. Pour cela il faut recourir à des approches intégrées, spatiales, temporelles prenant en compte les émissions et réductions d’émissions provenant (I) des territoires, (II) des conversions des phytomasses et (III) des activités en amont en en aval de l’agriculture et de la foresterie.
Cela implique aussi de recourir simultanément à deux séries d’indicateurs relatifs, les uns, à l’évolution de l’efficacité dans l’utilisation des terres, et les autres aux émissions de GES par tonne de produit et si possible aussi par service rendu. Les analyses de cycle de vie (ACV) des produits, qui peuvent s’appliquer aux émissions des produits industriels, sont utiles, mais insuffisantes. Elles ne prennent en effet pas en compte le facteur limitant essentiel qu’est la disponibilité des terres potentiellement utilisables pour la production de phytomasses, un aspect déterminant dans les possibilités de remplacement des produits d’origine fossiles par des biomasses. La nouvelle approche intégrée proposée, en prenant en compte simultanément l’efficacité de l’utilisation des terres et les émissions de GES par unité de produit, permet une modélisation physique cohérente.
A titre d’illustration une analyse, de l’évolution, entre 1850 et 1990 en France, relative à l’évolution de l’efficacité de l’utilisation des territoires et aux émissions de GES par tonne de céréale est présentée. On montre ainsi que dans le secteur agricole il faut d’abord aider les pays de l’Afrique subsaharienne à augmenter la production par unité de surface et d’y maintenir la fertilité des sols actuellement en cours d’appauvrissement minéral. L’analyse conduit plus généralement à recommander de s’acheminer d’ici 2050 vers une révolution triplement verte; vers des gestions (1) plus productives des territoires agricoles et forestiers, (2) localement moins polluantes et plus efficientes dans l’utilisation de l’eau disponible, et (3) prenant en compte également l’environnement global en maximisant la réduction des émissions de GES, prévoyant des aménagements des territoires spécifiques et prenant en compte la santé des consommateurs.