Auteur :
Siegwart
Myriam
Collectivite Auteur :
Université d’Avignon
Année de Publication :
2022
Type : Article
Thème : Agriculture
Certains insectes lorsqu’ils sont soumis à de fortes pressions insecticides développent la capacité à
survivre à ces toxiques. Ce phénomène adaptatif appelé résistance aux insecticides est un exemple de
microévolution. Grâce à l’étude de divers modèles biologiques j’ai abordé des questions concernant (i)
les types de mécanismes de résistance et leur importance dans élaboration de stratégies de gestion sur
le terrain ; (ii) l’anticipation et l’étude de résistances à des produits de biocontrôle pour augmenter leur
durabilité; et (iii) les bases génétiques des résistances. Les études menées sur deux lépidoptères
ravageurs : Grapholita molesta (Tortricidae) et Ostrinia nubilalis (Pyralidae) mettent en avant des
mécanismes de résistances complexes et variables entre populations, basés sur des panels de
combinaisons d’augmentation d’activité d’enzymes de détoxication et de mutation de la cible
moléculaire de l’insecticide. Les recherches sur la préexistence de résistance à deux extraits naturels de
plantes (l’acide 3,5-dicaféoyl quinique et l’acide dicafféoyl tartrique) avec des propriétés aphicides chez
plusieurs espèces de pucerons ont montré (i) de faibles différences de sensibilités entre clones ou
populations de Myzus persicae (Aphididae) possiblement en lien avec la taille des individus (ii) une
insensibilité d’un clone d’Aphis craccivora (Aphididae). Aucune résistance croisée entre insecticides de
synthèse et ces extraits naturels n’a été détectée. Les recherches sur le coût de la résistance de Cydia
pomonella (Tortricidae) à l’isolat M de Cydia pomonella GranuloVirus (CpGV-M), un biopesticide
largement utilisé, ont montré un faible coût limitant les possibilités de gestion de cette résistance.
Enfin, l’étude génomique des bases génétiques des résistances de C. pomonella à la deltaméthrine, au
thiaclopride, au phosmet et au CpGV-M montre que le gène CYP6B2 est responsable de résistances
croisées entre deux molécules de synthèse et que le déterminant majeur de la résistance au virus est
situé dans la zone des 53 600 000 pb sur le chromosome 1.
La complexité des mécanismes de résistance complique leur gestion sur le terrain. L’utilisation des
connaissances et des techniques acquises dans l’étude des résistances aux insecticides de synthèse est
pertinente et souhaitable pour améliorer la durabilité des insecticides d’origine naturelle. L’étude des
bases génétiques par des techniques de génomique confirme l’existence de convergences géniques, les
mécanismes de résistance étant souvent comparables entre espèces et ouvre de nombreuses
perspectives de recherche.