Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

Dans un contexte de mondialisation des économies et de développement de produits standardisés, les spécificités culturelles des terroirs et de leurs produits s’effacent progressivement devant une banalisation galopante. D’un autre côté, face à la dominance des marchés et des firmes multinationales, les pays en voie de développement, qui sont arrivés aux limites d’un modèle de type centralisé, trouvent dans le développement local l’issue tant attendue au déficit du rôle de l’Etat dans les politiques de développement. D’ailleurs, le discours des institutions mondiales chargées du développement recommande de plus en plus à ces pays de mettre en place des structures décentralisées, de leur accorder davantage d’attributions, en vue d’alléger le budget de l’Etat. Ainsi, l’alternative qui consiste à activer les ressources locales d’un territoire pour constituer un levier du développement, trouve de plus en plus d’échos dans le discours des économistes. C’est à cet égard que le terroir retient l’attention des pouvoirs publics. Cet article vise à analyser l’expérience marocaine dans ce domaine. À ce titre, il s’agit d’examiner les modalités et les conséquences de la mise en valeur des produits de terroirs. Cette étude cherche à identifier les orientations officielles de la stratégie adoptée, tout en sachant que cette expérience est récente : elle a débuté en 2008. Nous allons nous interroger sur ces objectifs et le cadre institutionnel afin de mettre l’accent sur la portée et les limites de cette stratégie. Notre démarche s’appuiera sur l’évaluation d’un cas qui a connu récemment la reconnaissance par un SDOQ : l’huile d’argan. Cette labellisation vise à atteindre plusieurs objectifs : préserver la biodiversité et le patrimoine culturel, mais aussi initier un processus de développement local afin d’améliorer les conditions de vie des producteurs.