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Soumis et rebelles : Les jeunes au Maroc

Auteur(s) : Bennani- Chraïbi Mounia
Type : Livre
Année de Publication : 1994
Langue : FR
Collation : 372 p. : tabl., réf., annexes
Mots-clés : INDIVIDU ; CULTURE ; ISLAM ; POLITIQUE ; JEUNESSE ; MAROC ; MONARCHIE ; MAKHZEN ; CONTESTATION ; EMPLOI ; FAMILLE ; MIGRATION ; CRISE SOCIALE ; GUERRE DU GOLF.

Résumé/Sommaire :

On dit trop souvent que le Maroc paraît immobile. La longue durée du règne d'Hassan II et la persistance d'un système politique sous contrôle, qui contraste avec un environnement instable, y sont pour beaucoup. Mais, en profondeur, le pays a subi depuis le début des années soixante les mêmes changements que ses voisins du Maghreb ou du Moyen-Orient. Ce document apporte la preuve que l'enquête, l'observation participante, les histoires de vies et la réflexion sur le quotidien peuvent en apprendre beaucoup sur les représentations et les comportements des acteurs politiques. Dans un pays qui a plus changé en une génération qu'en un siècle, dont la population a presque triplé depuis l'indépendance et s'est concentrée dans les villes du littoral sans diminuer dans l'intérieur, la jeunesse urbaine scolarisés non intégrée à la société reste cantonnée dans un espace qui ne correspond ni à ses aspirations ni à ses besoins. C'est ce groupe que l'auteur de ce document observe avec finesse et sympathie, lui donnant largement la parole tout en gardant ses distances, analysant ses faiblesses et ses paradoxes. Ce travail permet de saisir à quel degré le Maroc est devenu une société de masses, alors que les institutions et les cadres sociaux restent imprégnés par la longue pratique des compromis gérés au niveau des élites. Mais ces "mutants" qu'observe l'auteur ne remettent pas automatiquement en cause le fonctionnement du système et donnent parfois l'impression qu'ils cherchent avant tout à en bénéficier. Certes, ils peuvent, comme ailleurs, nourrir les foules des émeutes urbaines qui s'acharnent à détruire les symboles d'une modernité qui leur est refusée. La combinaison des insatisfactions individuelles ou collectives et des grands moments de mobilisation extérieure comme la guerre du Golfe en sont des exemples analysés à propos des émeutes de Fès et de Tanger en 1990-1991. Quelle est la part dans ces explosions collectives des effets des politiques d'ajustement structurel que les dirigeants auront tendance à invoquer plutôt que d'envisager la perméabilité de ces nouvelles masses urbaines aux courants idéologiques de l'extérieur ? L'islam politique est aussi présent dans l'imaginaire des jeunes marocains mais il ne se traduit ni en rejet de la famille, ni en refus violent des règles du jeu institué comme dans les pays voisins. Le clientélisme est admis et intériorisé si l'on espère en profiter et la famille apparaît encore souvent comme un espoir et un recours. La contradiction existe cependant entre cette passivité et même cette apathie à l'égard des institutions et une affirmation très forte de comportements individualiste sur le plan familial et même religieux. Sous cet angle, devenir islamiste n'est pas tant inspiré par un comportement de soumission que par un désir de fixer ses propres règles au nom d'une communauté imaginaire, et éventuellement d'œuvrer à y soumettre les autres. Les conduites sexuelles des jeunes sont aussi très révélatrices de ces "bricolages". Mais il faut bien voir que cette apathie individualiste délégitime le pouvoir. La crainte persiste, mais elle n'empêche pas la "siba intérieure", celle qui se traduit pas la nukta (anecdote). Elle freine toutes les formes d'intégration par le politique tant que les besoins de base des individus et du groupe ne sont pas satisfaits. L'originalité de la situation marocaine vient cependant du fait que les espoirs de changement ne sont pas uniquement placés dans une construction politique d'islam millénariste. On a déjà noté que la famille restait un recours d'intégration qui faisait défaut ailleurs. Le cadre politique assuré par la monarchie résiste mieux que celui du parti unique. La rivalité avec l'Algérie depuis l'indépendance a aussi amené le Maroc à se construire par opposition avec le pays voisin dont les échecs ont fini par consolider les choix intuitifs d'un pouvoir marocain plus apte à mobiliser les soutiens extérieurs significatifs et à assurer la cohésion des élites. Les jeunes dans leur révolte ne remettent pas pour le moment en cause ni la monarchie ni les revendications du pays sur le Sahara occidental lorsqu'ils entreprennent des grèves de la faim pour obtenir des emplois. Suivant une démarche classique, ils s'adressent au monarque par-dessus la tête des ministres et des fonctionnaires. Le recours n'est pas sans espoir et la solidarité symbolique sait apporter des remèdes qui iront temporairement à l'encontre des politiques d'ajustement structurel. Mais le souverain ne peut constituer un recours permanent dans un système de masse qui a besoin d'une plus grande institutionnalisation de la vie politique, assurant une responsabilité réelle des partis et des syndicats. La monarchie y conserve cependant un rôle dans le maintien des grands équilibres et dans l'unité territoriale de la nation. Les jeunes mutants acceptent encore globalement ce cadre de références, bien que d'autres modèles soient déjà présents dans leur vision du monde, plus facilement invoqués pour contester le régime en place que comme voie à suivre.

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N° de la microfiche : 042901



Les fichiers pdf des documents sont consultables a la bibliotheque du CND

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