Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

La mobilité introduit souvent des changements sociaux non seulement au sein du groupe des migrants mais aussi de ceux qui sont restés sur place. Ces changements sont perceptibles au niveau des comportements et des mentalités des individus et des groupes sociaux. Ils se matérialisent par l'introduction de nouveaux comportements et l'adoption de nouvelles valeurs aux dépens d'autres perçues comme signes du retard et de l'obsolescence. Ces changements s'expriment par l'introduction, l'adoption et l'utilisation de nouveaux produits et gadgets que les migrants amènent avec eux à des titres divers, et qui finissent par embrasser toute la sphère sociale notamment dans les petites villes caractérisées par un fort taux migratoire. Ces changements ont touché aussi l'habitat et le niveau de consommation et s'expriment par une amélioration du standing, l'adoption du modèle pavillonnaire et une ségrégation spatiale plus accentuée. Ce travail se propose de dégager quelques effets de l'émigration aussi bien extérieure qu'intérieure sur le corps social tunisien. Les données utilisées dans le cadre de ce travail sont tirées de deux enquêtes menées en 1991 et 1992. La première enquête est relative à la mobilité intérieure. La seconde concerne plutôt la migration extérieure, elle a touché cinq foyers migratoires (Tunis, Sidi Bouzid, Ghomrassen, Tataouine, Sidi Alouane) et a porté sur près de 160 enquêtés. Ce document traite quelques aspects des effets sociaux de la mobilité notamment ceux de l'émigration extérieure quant à la mobilité intérieure, et ses effets sur l'intégration urbaine et le processus identitaire. Ainsi, cette étude examine successivement les points suivants : l'intégration intra-urbaine du migrant et le processus identitaire, la mobilité et la ségrégation sociale de l'espace, la famille et la mobilité, et enfin la société et la mobilité.