Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

Driss Slaoui a traversé le siècle qui l'a vu naître, agir, puis mourir, dans un mélange extraordinaire de puissante personnalité et d’exquise discrétion. Présent, il subjugue autant par sa prestance intellectuelle que par sa modestie confinant à la timidité. Absent, ceux qui savent lire en profondeur, découvrent à quel point, le personnage était consistant. Parce qu'il laisse des traces. Mais elles sont si profondes que seuls ceux qui sont capables de décrypter les hiéroglyphes de la politique marocaine peuvent les identifier.

C’est que I'homme n'était pas un simple grand commis de I'Etat, parvenu au faite de la gloire et des honneurs. Jouissant d'un énorme capital de confiance que le Roi Hassan II n'accordait que prudemment et parcimonieusement au commun des mortels, Driss Slaoui était une totalité. A ceux qui cherchent, comme nous, à cerner avec précision toutes les riches facettes d’un caractère peu commun, l'homme opposera une espèce de glacis impénétrable. Pour nous qui ne l'avons vraiment approché que pendant les trois dernières années de sa vie, la tâche était d'autant plus compliquée. Il n'y a rien de plus difficile en effet que de parler d'un homme qui a toujours cultivé l'art de la discrétion et élevé l'humilité au rang de vertu. Son parcours apparaît malgré tout exaltant au chercheur.

Etudiant cartésien et rigoureux, il hésitera un moment sur le type d'études supérieures à suivre, choix décisif et fatidique s'il en fut. Mathématiques ou droit ? On connait la suite...

Etudiant en Droit en France, il ne se contentera pas des amphithéâtres studieux, mais tâtera de l’action sur le terrain, aux côtés des militants politiques engagés pour la cause nationale.

Retour au pays, le jeune juriste se mettra au service d'une cause qu'il épousera à jamais : l’amour du Maroc. Le voici avocat à Casablanca. Il ne défendra pas seulement des sociétés commerciales, mais aussi les syndicaIistes en butte au double arbitraire patronal et colonial. Il quittera vite le Barreau, une fois I'indépendance du pays reconquise. Dès 1956, à trente ans commence un long parcours de serviteur de l'Etat. II ne prendra fin qu'à sa mort, quarante-trois ans plus tard.