Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

La crise COVID-19 a perturbé les comptes du Maroc, à l’instar des autres pays du reste du monde, en l’occurrence des stratégies et des programmes appelés à réduire la pauvreté et l’inclusion sociale. L’état de crises multidimensionnelles que l’on vit a introduit une certaine méfiance en ce qui concerne la réalisation de ses objectifs de développement durable ; en particulier, l'ODD1 correspondant à la diminution de la proportion des couches sociales précaires. Pendant ce contexte de crise, il est tout à fait logique de s’attendre à une dégradation des conditions de vie auprès des plus démunies et à un élargissement de la classe des pauvres en dépit de la classe vulnérable qui, d’ailleurs, regroupe les Marocains qui ne sont pas pauvres économiquement, mais ils sont devant le risque de tomber en pauvreté. Le but de cet article est d’analyser l’impact direct à court terme de la pandémie COVID-19 sur la pauvreté monétaire au Maroc. Dans le cadre d'une approche comparative, nous avons mené une étude empirique qui nous a permis d’estimer et de comparer les indicateurs de la pauvreté monétaire de Foster-Greer-Thorbecke (1984) avant et après la pandémie de COVID-19 au Maroc, suivant trois scénarios de réduction des dépenses de consommation des ménages marocains 5%,10%,25%. L’analyse des phénomènes de pauvreté nécessite l’accès à des données d’enquête individuelles, pour ce faire, nous avons exploité les données brutes de l'enquête nationale sur la consommation et les dépenses des ménages 2013-2014 qui compte 15970 ménages marocains. L’actualisation est réalisée suivant l’indice d’actualisation déduit des indices moyens des prix à la consommation (IPC) correspondant aux périodes de référence des enquêtes sur les niveaux de vie et sur la consommation de la date d’estimation 2019. Nos résultats empiriques, suite aux trois scenarios de réductions, montrent que l’effet négatif direct de court‐terme de COVID‐19 sur la pauvreté monétaire est compris entre 0,7% et 4,9% chez les Marocains. En effet, l'incidence de la pauvreté est passée de 1,16 % à 4.5 % au milieu urbain et de 4,8 % à 12,7 % au milieu rural, et le nombre des nouveaux pauvres dépasse 1,7 millions marocains.