Auteur :
Jaïdi
Larabi
Année de Publication :
2025
Type : Article
Thème : Société
Couverture : Maroc
Chaque jour, en moyenne, les femmes marocaines consacrent près de cinq heures à des tâches domestiques (cuisine, ménage, courses, soins aux enfants, etc.). Elles assurent plus de 90 % du temps total consacré aux tâches domestiques par l’ensemble des hommes et des femmes. Ce travail non rémunéré représente des services indispensables qui participent au bien-être matériel des personnes et des foyers sans pour autant apparaître dans la production nationale, telle que mesurée par le produit intérieur brut (PIB). D’où la nécessité de mesurer cette production domestique afin d’estimer à sa juste valeur la contribution essentielle des femmes à l’économie nationale et d’en prendre en compte l’impact sur le niveau de vie des ménages.
Les données extraites des recensements et des enquêtes budget temps permettraient de rendre ce travail visible statistiquement.
Les données des deux enquêtes Budget-temps menées par le HCP en 1999 et 2012 décrivent précisément l’usage du temps de la population résidant au Maroc ; elles permettraient – si elles étaient régulièrement réalisées – d’estimer l’évolution du temps consacré et le partage des responsabilités liées à ces tâches au sein des ménages.
Pour évaluer la valeur du travail domestique, il faut pouvoir attribuer un prix à ces heures de travail. Ce prix ne peut être que fictif puisque ces heures ne reposent pas sur une transaction marchande. Diverses solutions peuvent être retenues. Les estimations de la valeur de la production domestique varient beaucoup en fonction de la méthode utilisée. Quelle que soit la méthode d’évaluation, la valeur du travail domestique non rémunéré, plus particulièrement celui des femmes, est importante par rapport au PIB.
Comptabiliser le travail invisible et non rémunéré en l’intégrant au PIB, c’est reconnaître et valoriser les personnes qui l’effectuent, car leur rôle est bénéfique et indispensable à toute la société. C’est surtout faire preuve d’équité envers les femmes qui assument majoritairement ce travail. Cette perspective faciliterait la mise en place de politiques publiques sensibles au genre et contribuerait à définir des mesures sociales, économiques et fiscales susceptibles d’améliorer le statut des femmes, principales responsables du travail invisible.