Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

Le travail des enfants est un fait structurel de la société et de l’économie marocaines. Ses déterminants sont multidimensionnels. Ils concernent aussi bien l'offre que la demande. Certains sont de nature économique, d’autres relèvent des perceptions sociales dominantes. Les activités exercées par les enfants relèvent essentiellement du secteur informel. Les formes d’exercice sont très différenciées allant du travail non rémunéré au salariat en passant par le travail indépendant.
Le déficit accumulé par les enfants travailleurs en matière de formation justifie l’importance accordée à la formation dans les programmes de lutte contre le travail des enfants. Cependant, au-delà de cette justification de principe, la question de la pertinence de cette offre d’éducation se trouve posée. La recherche d’éléments de réponse à cette question conduit à élargir le cadre d’analyse de la problématique du travail des enfants. Il s’agit de pousser l’analyse au-delà de la question standard des déterminants de l’offre du travail des enfants pour s’intéresser aux facteurs qui influencent la demande d’éducation émanant des enfants travailleurs.
Utilisant des données originales émanant d’une étude monographique sur le travail des enfants dans le secteur de l’artisanat à Marrakech, nous étudions dans ce papier les déterminants du choix de l’enfant travailleur face à une offre d’éducation non formelle. Cette question est abordée en rappelant le cadre général de la problématique du travail des enfants au Maroc.
Les enfants travaillant dans le secteur de l’artisanat à Marrakech présentent un faible niveau d’alphabétisation. 58,7% d’entre eux ont quitté l’école avant la 5ème année du primaire et appartiennent à des ménages de travailleurs pauvres. Le nombre d’actifs occupés y est élevé et le revenu global déclaré du ménage est faible. Dans 90% des cas, l’enfant travailleur appartient à un ménage avec au moins trois actifs occupés et un revenu global déclaré ne dépassant pas 1800 Dirhams.
Il ressort des analyses que les attitudes des enfants face à une offre d’éducation restent tributaire d’un ensemble de variables de nature individuelle (âge, niveau de compétence en lecture, raison de déscolarisation), professionnelle (conditions de travail) ou socio-démographique (composition du ménage).