Auteur :
Zerhouni
Saloua
Année de Publication :
2018
Type : Article
Thème : Société
Couverture : Maroc
Les violences en milieu universitaire sont de plus en plus un phénomène préoccupant. Durant les dernières années, plusieurs universités marocaines ont été la scène d’actes de violences allant jusqu’à l’homicide. Au regard de la récurrence de ce phénomène, le rôle de l’université se trouve interrogé. En principe, celle-ci constitue un espace d’apprentissage, du savoir et de transmission des valeurs. Néanmoins, et à l’image d’autres institutions de socialisation, l’université publique est traversée par différentes formes de violences.
L’étude qualitative que le RSSI a mené et qui a porté sur sept universités publiques conclut que les violences sont fréquentes et multiformes (directe, symbolique et structurelle). Elles relèvent de dysfonctionnements individuels, sociaux et/ou structurels afférents au contexte politique et organisationnel de l’université. Les contraintes de la structure universitaire pèsent sur le potentiel de réalisation de soi et d’épanouissement des étudiant.e.s. Les rapports de domination entre administration-étudiant.e.s et enseignant.e.s-enseignés sont intériorisés en tant que violences. Beaucoup d’étudiant.e.s considèrent le recours excessif de l’État/université à la répression/ oppression, les situations de discrimination ainsi que les conditions dégradées des études comme des facteurs favorisant la violence sous ses différentes formes.
Au regard de ses effets néfastes sur l’évolution académique des étudiant.e.s, la violence constitue désormais un enjeu majeure de la réforme de l’université. Le système universitaire est à revoir aussi bien dans sa structuration que dans son organisation et fonctionnement. La complexité de la violence requiert des réponses plurielles et coordonnées entre les différents maillons de la structure universitaire notamment les ministères, le parlement, la société civile, les collectivités territoriales. L’approche répressive n’est pas la plus appropriée pour gérer les violences structurelles qui prévalent en milieu universitaire. Au lieu d’un recours excessif à la répression, il faut rendre effectif les principes de liberté, d’équité et d’égalité des chances. La lutte contre la violence en milieu universitaire est intrinsèquement liée à l’instauration d’une société inclusive.