Collectivite Auteur :
Transparency International,
U4,
CMI
Type : Etude
Thème : Repères du développement social
Couverture : Maroc
Les révolutions qui ont soulevé la région du Moyen- Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) en 2011 ont révélé une corruption omniprésente, en particulier dans le secteur politique, sous la forme de vol d’avoirs par prétendument tous les leaders déchus. De nombreux éléments attestent également de l’existence de pratiques largement répandues comme le favoritisme, le népotisme et la collusion entre le secteur public et le secteur privé. Ces pratiques ont contribué à amplifier l’agitation sociale et les manifestations publiques dans la région. Les principaux indices de mesure de la corruption – l’indice de perception de la corruption de Transparency International, l’indice de transformation de la Fondation Bertelsmann, les rapports de Global Integrity, l’étude sur la liberté dans le monde de Freedom House et les indicateurs de gouvernance de la Banque mondiale montrent que le niveau de corruption est très élevé dans de nombreux pays de la région, en comparaison avec la moyenne mondiale. Cette réponse se concentrera plus spécifiquement sur l’Égypte, la Jordanie, la Libye, le Maroc et la Tunisie. Chacun de ces pays présente des caractéristiques politiques, sociales et économiques particulières, qui créent des défis spécifiques pour surmonter la corruption. L’Égypte, la Libye et la Tunisie, en particulier, ont toutes connu ces derniers mois un changement de régime à la suite de révoltes citoyennes. Ces changements offrent des opportunités prometteuses de reforme politique et de restructuration du cadre légal et institutionnel pour renforcer l’intégrité publique. Si le recouvrement des avoirs et l’utilisation des sommes recouvertes seront sans doute des questions majeures durant la période de transition, ces questions ne doivent toutefois pas éclipser la nécessité de régler les problèmes systémiques de redevabilité d’une manière holistique. À l’inverse, les royaumes de Jordanie et du Maroc ont pris note des manifestations pro-démocratie, mais ont opté pour l’adoption de réformes plus limitées. Même dans ces pays, il n’est pas encore sûr que cela suffise à apaiser la soif de démocratie des peuples. Il existe toutefois des thèmes communs à ces cinq pays au regard des défis que pose la lutte contre la corruption. Il apparaît, dans tous ces pays, que toute stratégie anti-corruption se voulant efficace doit adopter une approche holistique. L’accent doit être mis sur l’adoption et la consolidation de lois et d’institutions anti-corruption spécifiques ainsi que sur le développement de mesures complémentaires visant à garantir l’intégrité. Les réformes à entreprendre concernent notamment la protection des lanceurs d’alerte, la liberté de la presse et l’accès aux informations publiques.