Auteur :
Azam
Geneviève,
Dessus
Benjamin,
Hutinet
Laurent
...[et al.]
Date de publication : 24/03/2007
Type : Actes de congrès / Séminaire / Atelier
Thème : Repères du développement social
Ce séminaire s’est donné pour objectif la confrontation entre des mouvements orientés vers la réduction des inégalités sociales, des inégalités Nord-Sud, des inégalités entre hommes et femmes d’une part et la crise écologique d’autre part. En quoi cette crise modifie-t-elle les stratégies, les priorités, les alliances ? La crise écologique représente une menace pour l’ensemble du genre humain.
L’existence même des sociétés est aujourd’hui menacée du fait de l’activité humaine, de plus en plus enchaînée à des systèmes de production et de consommation sacrifiant la nature et le travail à la marchandisation généralisée et à la toute- puissance de la technique. Il ne s’agit plus seulement d’une crise se manifestant par des conflits internes aux sociétés (sociaux, militaires, politiques), mais d’une crise globale. Si dans ses effets, elle ne fait pas a priori le tri entre les classes sociales et les pays, elle les affecte de façon très différenciée, ajoutant aux inégalités sociales les inégalités environnementales. Et si les dégradations écologiques appellent à une conscience et une responsabilité individuelle, ce sont bien des choix globaux de production et d’organisation sociale qui sont au coeur de cette crise. Le capitalisme à dominante financière, en semant l’illusion d’une création possible de richesses par la magie des marchés financiers, pousse à son paroxysme le mépris du travail et de la nature.
Les mouvements sociaux, dans leur diversité, sont pris au dépourvu face à ces enjeux et aux changements de représentations qu’ils impliquent. Pour plusieurs raisons. D’abord, « la question sociale » n’a pas traditionnellement inclus la dimension écologique : les revendications sociales se sont surtout construites autour du travail, de la propriété, du paupérisme, des inégalités et de la redistribution. Les limites physiques à la croissance et souvent même la finalité sociale de la production sont passées au second plan. Ensuite, le caractère global de la crise écologique, joint à la démission des États face aux intérêts à court terme des firmes transnationales, exige à présent des mouvements sociaux un élargissement de leurs projets et de leurs luttes. Car ce mode de développement productiviste, étendu à l’ensemble du monde, loin de réaliser la promesse d’un progrès pour l’ensemble de l’Humanité, menace l’équilibre écologique de la planète et ruine les valeurs d’égalité, de justice et de solidarité. De nombreux mouvements écologistes s’interrogent eux-mêmes sur la question sociale, et notamment dans sa dimension Nord-Sud.
Les limites à la croissance infinie des richesses supposent des choix démocratiques, seuls remparts contre des formes autoritaires et inégalitaires de gestion des raretés. Voilà pourquoi nous devons ensemble pouvoir répondre à la question suivante : comment « croiser » et faire converger les campagnes contre le développement prédateur et polluant, les mouvements à finalité sociale, les mouvements paysans pour une autre agriculture et les mouvements à finalité directement environnementale ? Il est de notre responsabilité collective d’y parvenir.