Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

Le premier face-à-face, à l'ère moderne, de l'Égypte et de l'Europe à la fin du XVIII et au XIXe siècle, qui coïncide avec ce que l'on a l'habitude de désigner comme une période de transition de l'Égypte vers la modernité, et même comme une période de renaissance (nahda), doit être réexaminé en le considérant, d'un point de vue de l'histoire globale, comme un exemple dans la longue série de confrontations des sociétés de l'Ancien monde avec une Europe récemment transformée, une Europe qui inaugure alors une rupture historique qui va progressivement voir naître un nouveau monde, où elle domine et exploite, au nom de la supériorité de sa civilisation, toutes les autres sociétés et civilisations de la Terre. En effet, aujourd'hui, alors que la marche vers la globalisation a atteint son terme, où la supériorité d'une civilisation sur une autre, et pis encore, une civilisation particulière sur toutes les autres, apparaît comme une grossière manipulation idéologique, démentie par l'archéologie, l'histoire et l'anthropologie, il devient urgent, au-delà des traditionnelles analyses de l'impérialisme, du colonialisme et des diverses théories de la décolonisation, de revenir sur ce qu'il en a été, en fait, de ces confrontations entre un Occident triomphant et surpuissant et le reste du monde, sidéré, sous-armé et sous-équipé. Une telle démarche s'impose comme centrale, alors que se multiplient, dans la plus grande cacophonie, les études sur l'histoire de la Modernité et l'histoire globale.