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ON TASHLHIT ROOT STRUCTURE AND ITS IMPLICATIONS FOR THE ORGANIZATION OF THE LEXICON

Auteur : El Hamdi Fatima
Collectivite Auteur : Université Mohammed V de Rabat. Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis
Année de Publication : 2018
Type : Thèse / Mémoire
Thème : Culture
Couverture : Maroc

Résumé/Sommaire :

Le rôle des théories morphologiques dans la compréhension de l’organisation et de la structuration du lexique a été le sujet d'un certain nombre de travaux de recherche. Le travail présenté ici constitue une contribution à ce domaine de recherche. La réflexion initiale s’appuie sur un débat ancien interrogeant la structure et l’organisation du lexique en berbère. Certains chercheurs affirment que le lexique se compose de mots polymorphémiques indépendants stockés tels quels. Cette approche a été préconisée d’abord pour rendre compte de langues sémitiques comme l’hébreu et de l’arabe puis étendue à l’amazighe. Des arguments ont été présentés à partir de la morphologie du verbe hébraïque (Bat-El, 1994; Aronoff, 1994; Ussishkin, 1999) et de la morphologie du verbe et du nom de l'arabe (Hammond, 1988; McCarthy and Prince, 1990; Guerssel et Lowenstamm, 1996; Benmamoun, 2003). A l’inverse, d'autres chercheurs soutiennent l’idée que pour ces langues, les mots complexes sont stockés sous la forme d’une racine consonantique. Des arguments en faveur de ce morphème ont été fournis par des jeux de langue (Cantineau, 1950; McCarthy, 1981; Galand, 1984; Chaker, 1990; Tobin, 1990), la métathèse (Prunet, Béland et Idrissi, 2000) et des études perceptives (Frost, Forster et Deutsch, 1997, 1998, 2000; Boudelaa et Marslen-Wilson, 2001, 2004a-b, 2005; Ussishkin et Twist, 2009; Ussishkin, Dawson, Wedel et Schluter, 2015). De ce point de vue, la racine est considérée comme une unité de morphologie disponible pour le locuteur-auditeur lors des tâches de traitement de la parole comme l’ont montré les travaux en psycholinguistique.
Dans le présent travail, nous avons pour objectif de contribuer à ce débat par des analyses morphologiques et psycholinguistiques et d’en discuter les implications sur la compréhension de l’organisation du lexique en amazighe. Nous avons étudié la notion de racine en amazighe, plus particulièrement en tachelhit et nous avons tenté de répondre à deux principales questions de recherche. Nous nous sommes d’une part demandé si la racine était une unité morphologique représentée dans le lexique du tachelhit ; ensuite si cette racine était exclusivement consonantique. A cette fin, nous avons étudié la structure de la racine et ses propriétés lexicales en tachelhit et mis en évidence la possibilité de l’existence de deux types de racine : d’une part la racine consonantique, qui ne contient que des consonnes, telle qu’elle est envisagée classiquement en berbère ; mais également une racine vocalique qui contiendrait voyelles et consonnes. Nos travaux valident cette hypothèse selon laquelle, en plus des racines consonantiques, le lexique de tachelhit se compose aussi de racines vocaliques.
L’originalité de nos travaux repose sur une double validation de cette hypothèse. En effet, à côté des arguments morphologiques en faveur de l’existence des racines vocaliques en tachelhit, nous avons mené, de manière inédite en amazighe, une étude psycholinguistique montrant qu’elles étaient effectivement disponibles en perception et traitées par des locuteurs natifs du tachelhit. Les données analysées s’appuient sur l’étude de la variété d’amazighe parlée dans la zone d’Ighrem N'Ougdal et de ses environs. Ces endroits où nous avons recueilli les données sont largement représentatifs du tachelhit.
Sur le plan théorique, nous avons fondé notre travail sur les principes de la théorie de l'Optimalité. Nous avons présenté les faits de morphologie verbale et nominale observables dans cette langue, que nous avons analysés à la lumière de la théorie de la correspondance et de la théorie de la fidélité positionnelle. Sur la base de l’étude de l'interaction entre les contraintes de fidélité, celles de marque et celles de fidélité à la racine, nous avons démontré la présence de voyelles dans la racine de tachelhit, en supposant que les éléments radicaux, que ce soient vocaliques ou consonantiques, sont préservés de l'input à l’output.
Du point de vue psycholinguistique, nous avons produit et analysé des données à partir d’expériences de priming basées sur la mesure du temps de réaction des participants et visant à vérifier si des racines morphologiques de ce type étaient disponibles en perception pour des
locuteurs du tachelhit. Ces expériences avaient pour objectif de fournir des arguments empiriques en faveur de la racine en tachelhit.
Cette thèse est organisée en cinq chapitres. Le premier chapitre présente les caractéristiques principales du système phonologique et morphologique en tachelhit ainsi que la structure de la racine dans les langues chamito-sémitiques. Le deuxième chapitre expose les prémices sur lesquelles repose notre double analyse morphologique et psycholinguistique de ces faits. Nous avons donc présenté d'abord, la théorie de l'Optimalité, et plus précisément les bases de la théorie de la correspondance et de la théorie de fidélité positionnelle. Ensuite, nous avons présenté les tests de priming que nous avons utilisés dans nos expériences. Au chapitre III, nous avons discuté plus en détail l’hypothèse de l’existence de la racine dans la compréhension de la morphologie verbale et nominale du tachelhit et nous avons également introduit la distinction nécessaire selon nous entre les racines vocalique et consonantique dans le lexique du tachelhit. Le quatrième chapitre présente les expériences rendant compte de l'effet de la sémantique dans le traitement de la racine en tachelhit qui nous ont amené à considérer qu’il existait des interactions entre la sémantique et la morphologie lors du traitement de ces objets. Nous détaillons notre méthodologie et présentons les tests préliminaires, à savoir le test de fréquence et celui de relation sémantique, que nous avons utilisés pour sélectionner nos stimuli expérimentaux. Enfin, dans le cinquième chapitre nous examinons le rôle de la morphologie dans la langue ainsi que celui d'autres facteurs linguistiques (sémantiques et phonologiques) qui auraient pu interférer avec la racine dans le processus d’accès lexical.
Nous montrons que les racines ont une réalité psycholinguistique et, que par conséquent, elles ont des implications importantes dans l'organisation du lexique de tachelhit. Nous montrons également l’interaction entre les informations morphologiques et sémantiques qu’utilisent les locuteurs puisque la sémantique semble avoir un effet facilitateur dans l’accès lexical. A l’inverse, les traits phonologiques ne semblent pas être utilisés lors de la reconnaissance des mots, ce qui impliquerait qu’ils n’ont pas de statut lexical en tachelhit.
Pour conclure, ce travail contribue à enrichir un débat ancien en morpho-phonologie du berbère. En effet les résultats de nos analyses théoriques et empiriques apportent des arguments importants en faveur de l’existence d’une racine morphologique lexicalement disponible pour les locuteurs et qui joue un rôle très important dans le traitement du tachelhit. Ils plaident également en faveur de la coexistence de deux types de racines : consonantique et vocalique dans le lexique de tachelhit.

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