Auteur :
Taouil
Rédouane
Année de Publication :
2020
Type : Article
Thème : Repères du développement économique
Couverture : Maroc
Quiconque suit le débat sur le modèle de développement, initié depuis d’ores et déjà trois ans, reconnaît qu’il a indéniablement levé le voile sur l’insuffisance de la progression du PIB, la vulnérabilité de la croissance, le caractère persistant du chômage, la faiblesse de la productivité globale, comme sur les carences des services éducatifs et de santé ou la montée des inégalités. Force est de constater cependant que rarement les liens entre le régime de la politique économique et la qualité des performances globales ont capté l’attention.
La crise déclenchée par la pandémie du Covid-19 est venue révéler avec force l’inadéquation de la poursuite de la stabilité macroéconomique selon des règles fixes, les défauts de la flexibilité du marché du travail, l’ampleur de l’informalité aussi bien que les carences en matière de protection contre les risques de perte de revenus et d’emploi.
Ce faisant, elle a ouvert une fenêtre d’opportunité (Kingdon 1984) de discussion du bien-fondé de la politique économique et des réorientations de l’instrument budgétaire et de la stratégie de la Banque centrale. Ainsi les réactions des policy makers ont donné lieu à un débat où des interventions, préconisant, à des degrés divers, des expansions monétaires par le relâchement de l’objectif d’inflation basse y compris au moyen de la remise de la banque centrale sous la tutelle du gouvernement, et par des stimulations de l’activité au moyen du déficit public. A regarder de près ces préconisations, on s’aperçoit qu’elles sont sujettes à discussion. D’une part, elles restent muettes sur les relations monnaie-inflation et inflation-chômage et, partant, sur les enjeux de la redéfinition de la politique monétaire. D’autre part, elles se limitent à voir dans le déficit public un instrument d’atténuation de la récession sans réexaminer le rôle de la politique budgétaire compte tenu de ses effets stabilisateurs et de redistribution à travers l’exercice des droits à la protection sociale.