Auteur :
ADIDI
Abdelaziz
Type : Article
Thème : Energie et mines
Couverture :
Maroc
LA PRODUCTION MINIÈRE À GRANDE ÉCHELLE donne souvent naissance ex-nihilo à une ou
plusieurs concentrations urbaines qui se singularisent par leur morphologie, leurs structures
intra urbaines et leurs fonctions sociales et territoriales. La ville minière peut être « spontanée »
ou planifiée et créée de toutes pièces par la compagnie minière. Les agglomérations minières ne
peuvent être isolées de l’activité et de l’espace minier qui les ont sécrétés. L’extraction des minerais
et des combustibles minéraux est donc une activité étroitement localisée, dont le développement
peut entraîner la formation de groupements de populations denses.
Au Maroc, où l’exploitation de nombreuses ressources minières a donné naissance à des formes
d’urbanisation originales, la gestion de l’environnement urbain pose de grands problèmes aux
décideurs locaux. Les agglomérations minières sont, en effet, les premières victimes du processus de
dégradation de l’environnement à cause des rejets solides, liquides et gazeux de la mine. Si on ajoute
les problèmes environnementaux « ordinaires » qu’on rencontre dans toutes les villes marocaines
(assainissements solide et liquide, habitat insalubre, pollution atmosphérique, pollution des réserves
d’eau, etc..), ces villes et agglomérations minières sont doublement victimes et fragilisées par la
dégradation de l’environnement, d’autant plus que la population ouvrière est plus exposé à ces
nuisances. Ainsi, donc à la ségrégation socio spatiale qui caractérise les villes minières d’une manière
générale, s’ajoute l’inégalité des habitants devant le risque environnemental.
À travers l’exemple des agglomérations phosphatières marocaines nous montrerons l’ampleur de
ces dégâts et injustices socio spatiales, mais encore, nous nous interrogerons sur l’efficience des
stratégies mises en oeuvre par les acteurs locaux (le Conseil Communal, la Compagnie minière, les
ONG…) afin de limiter ces nuisances et d’assurer un « développement durable » aux habitants de
ces concentrations minières urbaines