Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

En Afrique, comme en Europe, les Mutuelles d’assurances sont confrontées aux mêmes défis majeurs, à savoir notamment :

ü d’une part, l’hégémonie des sociétés anonymes fortes de leur puissance financière au service d’une concurrence redoutable,

ü et d’autre part, la démutualisation qui est un véritable danger pour nos valeurs de solidarité et d’entraide.

Mais en plus, l’avenir des mutuelles africaines est handicapé par d’autres problèmes non moins importants qui sont principalement l’apanage de pays en développement à économie faible et sans une longue tradition d’assurance.

Parmi les différents obstacles à l’expansion des mutuelles africaines, nous pouvons relever l’étroitesse des marchés d’assurances -corollaire de la rareté des investissements et des activités économiques-, la faiblesse des fonds propres des sociétés mutuelles, la pratique massive de risques dangereux et volatiles (assurance automobile).

Face à ces facteurs qui pourraient hypothéquer l’avenir des mutuelles africaines, une lueur d’espoir semble venir des mouvements associatifs et communautaires.

L’Afrique en général, étant confrontée à une crise économique structurelle entraînant l’application de programmes drastiques d’ajustement, est victime entre autres maux de la diminution importante des moyens financiers de ses Etats, principaux détenteurs de la puissance économique dans la plupart des pays du continent.

Ces Etats étant désormais dans des difficultés pour assurer à leurs populations un minimum de protection sociale ou matérielle, d’autres structures comme les organisations communautaires de lutte contre la pauvreté avec l’aide des bailleurs de fonds, ont pris le relais.

Il faut signaler que la solidarité qui constitue l’une des premières valeurs de la société africaine a tendance à disparaître à cause du phénomène de l’exode rural et de l’urbanisation.

Conscients de la défaillance de cette solidarité traditionnelle, combinée à celle de l’Etat, nombre d’africains se sont donc engagés dans des mouvements sociaux (associations, groupements) où se forgent aussi de nouveaux liens communautaires fondés sur l’adhésion individuelle ou l’association contractuelle.

C’est dans cette dynamique qu’il faut situer le développement des tontines, des coopératives de production ou d’épargne et de crédit.

Ces groupements associatifs déjà intégrés dans les programmes de développement des pays africains, et qui s’adressent particulièrement aux populations rurales, sensibles à tout système basé sur le principe de la solidarité et de l’entraide, constituent un « sociétariat » d’avenir des petites mutuelles d’assurance.

Il va de soi que l’avenir des mutuelles africaines a suscité, au sein de structures professionnelles comme l’AMAA (Association des Mutuelles Africaines d’Assurances), une profonde réflexion.

Il en ressort que le renforcement de la coopération et de la solidarité entre me mbres de l’Association s’avère indispensable pour développer des actions communes de défense de leurs intérêts, face à la concurrence des sociétés de gestion capitaliste.

Le tout sous-tendu par la formation et la sensibilisation des cadres à l’esprit mutualiste, garant de l’avenir de l’Institution.

Et aussi par un rapprochement avec les mutuelles du Nord qui partagent les mêmes idéaux dans le cadre de la formation et de la réassurance que l’AISAM pourrait faciliter.