Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

Les agriculteurs des régions de grande culture s’efforcent de faire évoluer leurs pratiques culturales en adoptant des innovations visant un plus grand respect de l’environnement tout en maintenant ou améliorant le rendement des productions. Ainsi, l’abandon du labour, partiel ou total, s’accompagne de plus en plus du semis sous couvert, dans le cadre de l’agriculture dite de conservation. Si ces pratiques sont désormais fréquentes, le souci d’entretenir le sol et de conserver un humus riche de sa biodiversité conduit certains agriculteurs à utiliser des intrants non conventionnels, proposés par diverses firmes, parfois présentes de longue date sur le marché, parfois de création récente. De plus, certains recourent à des modes opératoires hétérodoxes, en s’appuyant sur des conceptions ou des théories telles que la biodynamie, l’homéopathie, la mémoire de l’eau ou encore sur des effets supposés des champs électromagnétiques, recourant parfois à la radiesthésie pour établir des diagnostics sur l’état de leurs parcelles. Ces conceptions semblent fondées sur une vision du monde plus analogique que naturaliste, pour reprendre les catégories de Philippe Descola. La recherche d’innovation s’accompagne ici d’une volonté de conservation d’un patrimoine bien appauvri par les itinéraires techniques préconisés ces cinquante dernière années, ce qui incite à qualifier de néo-conservateurs ces agriculteurs dont les représentations de l’univers et de ses champs de force peuvent aussi conduire à un certain réenchantement du monde, en sens inverse de ce que Max Weber entendait en évoquant le désenchantement du monde.