Auteur :
Lecestre-Rollier
Béatrice
Année de Publication :
2006
Type : Actes de congrès / Séminaire / Atelier
Thème : Agriculture
Couverture : Maroc
La prise en compte de la dimension sociale et culturelle des faits ne saurait se réduire à quelques données supplémentaires qui viennent utilement compléter l’analyse technique de ceux-ci. C’est pourtant sur ce présupposé que se fondent la plupart des projets d’aménagement du monde rural. Au Maroc, dans les vallées du Haut Atlas, la question hydraulique touche au plus intime du lien social. Pour les populations locales, gérer l’eau entre soi, c’est exister en tant qu’entité collective. L’eau est enjeu d’identité. Autour d’elle se nouent des conflits, pas seulement pour son accaparement matériel, mais aussi pour le prestige, pour l’honneur. Là se manifestent des inégalités entre les groupes et entre les individus, sans cesse corrigées par les contraintes collectives, fortes, qui imposent un partage égalitaire de l’eau. Chaque espace hydraulique est ainsi un espace social traversé par de multiples logiques, d’ordre économique, mais aussi politique, symbolique et idéologique. Or, ces logiques ne sont pas les mêmes que celle de l’État et de ses agents. On est en présence de deux systèmes de normes. La normalité de l’État prévaudra t-elle sur l’imaginaire de la société locale montagnarde ? Derrière le débat, nouveau, relatif à la participation des populations locales aux politiques d’aménagement territorial impulsées par l’État, se cachent des enjeux de légitimité et de pouvoir qui, eux, ne sont pas nouveaux.