Auteur :
NAWAR
Mohamed H.A.
Collectivite Auteur :
Cairo University. Faculty of Agriculture. Center for Rural Development Researches & Studies (CRDRS)
Année de Publication :
2006
Type : Article
Thème : Agriculture
Couverture :
Egypte
Depuis 1882, la population égyptienne a été multipliée par 11, passant de 6,7 à 73,6 millions d’habitants. La ressource en eau cruciale en Egypte provient presque uniquement du Nil. Elle permet entre autre d’irriguer près de 9 millions de feddans9 dont 3,2 pour les nouveaux territoires. Actuellement le secteur agricole représente 31% de la population active et 16,5% du PIB pour un montant de 96,5 milliards LE. Les politiques de développement rural ont évolué au cours du temps. On distingue plusieurs périodes. La première s’étend de 1882 à 1923. Sous le protectorat anglais le développement concerne essentiellement la culture intensive du coton en irrigué pour approvisionner les usines de textile britanniques. Un encadrement social est mis à disposition des ouvriers agricoles, indispensable à cette production (lutte contre les épidémies). La création d’une première coopérative et d’un syndicat agricole pour protéger les très petits exploitants agricoles (loi des 5 feddans) complètent ces actions. Durant la seconde période (1923-1952), les lois sur les coopératives, la mise en place d’un système de crédits bancaires pour les petits exploitants, l’émergence d’un mouvement de réformes sociales et la création de centres sociaux complétée par la création d’un Ministère des Affaires sociales (1939), traduisent un début d’institutionnalisation de nouvelles agences de développement pour le monde rural. La santé, l’éducation et l’aide aux communautés rurales, la vulgarisation sont des préoccupations croissantes. En 1946 une première tentative de coordination de ces services de base avec un rôle central dévolu aux centres sociaux, reste néanmoins un échec en raison de la compétition et des conflits entre les services et aboutit à une mauvaise répartition territoriale des organismes. La troisième phase (1952-1973) est marquée par la Réforme Agraire de 1952. Elle est caractérisée par une approche de type planification centralisée du développement rural. Cette intervention directe de l’Etat passe par les coopératives agricoles. Un fonds d’appui aux industries rurales, à l’environnement et à la réhabilitation rurale voit le jour. La révolution rose de 1952 accorde plus d’importance au monde rural avec un appui au regroupement et à l’intégration des services et au renforcement de la liaison avec les communautés rurales. Des associations communautaires de Développement sont créées mais la démarche reste encore très sectorielle et centralisée. De 1973 à 2005 apparaissent les premières tentatives pour mettre en place une approche réellement intégrée du développement rural (DR) avec la création d’une Agence Nationale. Simultanément le mouvement coopératif régresse alors qu’une structure de développement des villages égyptiens voit le jour et s’impose. C’est aussi la période où il faut atténuer les effets négatifs de la politique d’ajustement structurel. Un premier programme de DR est lancé (Shorouk, 1994). Des ONG nationales ou locales développent des expériences de DR de type participatif et localisé. En 1997 une mission interministérielle est créée pour faciliter la coordination entre les services de l’Etat. Mais le principal résultat est la complexification de l’organisation institutionnelle du DR sans effet concret marquant. La phase suivante vient de démarrer (2005). Elle sera davantage marquée par la mise en oeuvre d’un processus de décentralisation. Néanmoins l’approche reste encore très sectorielle, elle vise à améliorer les conditions physiques de la production agricole, à faciliter une meilleure répartition géographique des agriculteurs, notamment sur les nouveaux territoires et à améliorer les conditions de vie. Il reste que la forte croissance démographique, le chômage des jeunes diplômés, surtout en Haute Egypte, et la pollution des sols posent de très graves problèmes pour la durabilité du DR. Au total deux types de stratégies caractérisent la conception du DR en Egypte : la stratégie communautaire et celle du développement intégré. Récemment on cherche à intégrer la notion de développement durable mais à une échelle expérimentale et limitée. Le développement humain devient le pivot de la stratégie actuelle avec la volonté de construire un arsenal législatif notamment pour soutenir les initiatives municipales.