Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

Séduit par le succès du tourisme dans les pays situés au nord du bassin méditerranéen (le « miracle » espagnol), le Maroc choisit dès les années 60 d’élire le tourisme et l’agriculture en tant que priorités nationales pour son développement économique et social. Pour autant, de par sa dépendance à la demande des pays du Nord et sa gestion touristique souvent houleuse, il devient rapidement un colosse aux pieds d’argile accusant dès les années 1990 un retard important par rapport aux autres destinations méditerranéennes. En 1999, la destination ne se situe qu’en quatrième position (avec seulement 3,9 millions de touristes) derrière la Turquie (6,8 millions), la Tunisie (4,8 millions) et l’Egypte (4,4 millions). Face à ce constat, le gouvernement marocain associé aux professionnels du tourisme décide dès 2000 d’engager une politique touristique offensive orientée sur le tout balnéaire en vue d’accueillir 10 millions de touristes en 2010. Risques de dégradation des écosystèmes et paysages côtiers par le développement non maitrisé d’infrastructures, consommation massive des ressources naturelles en lien avec l’accroissement de la fréquentation des sites sur quelques mois de l’année, création de disparités sociales et économiques au sein du pays de part le développement d’enclaves de prospérité sont les défis auxquels le Maroc doit et devra faire face. Pour autant, de façon parallèle voire paradoxale, les acteurs privés et publics du tourisme se disent également engagés en faveur d’un tourisme durable.
L’on assiste alors à une floraison de déclarions, chartes éthiques, certifications, codes de bonnes conduites visant à donner une dimension éthique aux dynamiques touristiques. Pour autant, comment les acteurs publics et privés du tourisme intègrent-ils les enjeux du développement durable dans leurs engagements et pratiques ? C’est à cette question que nous avons voulu répondre au travers l’analyse approfondie des dispositifs privés et publics de « tourisme durable ». Ainsi, nous avons constaté que si les acteurs touristiques sont sensibles et mobilisés sur cette problématique, ils n’ont en réalité adopté qu’une approche partielle de ses objectifs. La croissance économique et la rentabilité des investissements à court terme étant perçues comme peu compatibles avec la prise en compte du social et de l’environnement à long terme. Les populations locales restent alors les grandes absentes de cette réflexion sur la gestion du bien commun où les entreprises s’approprient les débats de société et s’autorégulent face à un désengagement apparent de l’Etat.