Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

Le système montagneux du Haut Atlas marocain comprend diverses sous-unités de paysage dont l’identité provient de l’interaction entre facteurs naturels (géologie, relief, sols, climat, hydrologie, végétation) et facteurs culturels qui caractérisent la société tribale berbère. Une extension géographique notable de cette région montagneuse et sa large amplitude altimétrique, associées à une grande diversité géologique, morphologique, climatique et floristique, donnent lieu à divers habitats ruraux et à différents systèmes de production agro-pastorale. En effet, en raison d’une adaptation constante à des difficiles conditions naturelles, les groupes sociaux de type tribal ont construit un modèle historique d’occupation et d’organisation territoriale, fondé sur le traditionnel système agro-sylvo-pastoral comme base d’une économie de subsistance. Ce modèle et ce système sont marqués par les caractéristiques biophysiques du territoire montagneux et par la complémentarité entre champs irrigués (urti) dans les vallées et champs secs (bour) sur les versants les moins pentus, pâturages sur les hautes terres et forêts aux diverses espèces d’arbres, sur les versants situés en altitude et présentant une déclivité variable.
De là résulte un modèle de sous-unités de paysage liées au système de peuplement de montagne par excellence, à savoir la relation entre les villages (principaux et secondaires), reflet des différentes formes de transhumance associée à l’élevage et de sédentarisation associée à l’agriculture. De toute façon, la diversité qui caractérise les différents territoires du Haut Atlas se retrouve de manière expressive dans les différents modèles d’organisation qui sont lisibles depuis le peuplement jusqu’à l’habitation. La présente étude porte sur l’analyse de l’architecture vernaculaire du Haut Atlas, réunissant quelques-uns des thèmes qui caractérisent sa diversité, dans le but de contribuer à l’établissement d’une carte typologique. Sur le plan méthodologique, on privilégie ici la caractérisation diatopique par rapport à la lecture diachronique, en cherchant à croiser le travail de terrain, réalisé à partir d’études fondamentales sur le territoire, la culture et l’architecture traditionnelle de ces régions. Pour cela, nous considérerons, dans un premier temps, les différents contextes et sous-unités de paysages du Haut Atlas, réunissant un éventail de thèmes qui vont du territoire physique aux ressources disponibles, avec les implications au niveau des procédés de construction traditionnels. Dans un second temps, seront analysées différentes habitations de caractère permanent, localisées dans les sous-unités géographiques citées, qui ont été relevées et dessinées par nos soins dans le cadre de cette recherche.
Dans une conclusion, on cherchera à tracer une brève synthèse de cette architecture dans sa relation avec le paysage, à partir des exemples analysés antérieurement, comme contribution à une carte typologique de l’architecture traditionnelle du Haut Atlas.