Auteur :
Allègre
Guillaume
Date de publication : 05/02/2019
Type : Synthèse / Résumé
Thème : Développement humain
Le 25 septembre 2015, 193 États membres des Nations Unies ont adopté les Objectifs de développement durable (ODD) pour 2030. À l’époque, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a qualifié l’agenda de « vision universelle, intégrée et transformatrice pour un monde meilleur » (ONU, 2015a). L'agenda définit 17 objectifs et 169 cibles pour réaliser des progrès économiques, sociaux et environne-mentaux. Ou, comme indiqué dans le préambule de la résolution, le « programme est un plan d'action pour les peuples, la planète et la prospérité ». Il souligne les « liens et la nature intégrée des Objectifs de développement durable » et la participation nécessaire « de tous les pays, de toutes les parties prenantes et de tous les peuples » (ONU, 2015b). Les objectifs sont variés : bien-être, pauvreté, santé, éducation, égalité des sexes, travail décent et croissance économique, réduction des inégalités, industrie, innovation et infrastructures, villes inclusives, eau propre, énergie propre, biodiversité, changement climatique et la paix, la justice et des institutions fortes. Nous discuterons ici des objectifs liés à l'emploi, à la pauvreté et aux inégalités dans une perspective européenne.
Les marchés du travail européens s’améliorent. En moyenne, les taux de chômage dans les pays européens ont retrouvé leurs niveaux d'avant la crise : au deuxième trimestre 2018, le taux de chômage était de 6,8%, le même niveau qu'au deuxième trimestre 2008. Toutefois, il existe des différences significatives du chômage dans l’Union européenne et en particulier dans la zone euro. D'une part, le taux de chômage est maintenant à un niveau inférieur à celui de 2008 dans quinze États membres de l'UE ; en particulier, les pays d’Europe de l’Est fonctionnent, à quelques exceptions près, presque à pleine capacité ; et dans des pays comme l'Allemagne et les Pays-Bas, il a été question de pénuries de main-d'œuvre dans certaines régions. En revanche, le chômage reste nettement supérieur aux niveaux enregistrés avant la crise en Grèce, en Espagne et en Italie, où la crise de la dette souveraine a été particulièrement sévère.
Cela se traduit par une augmentation des inégalités entre 2008 et 2018 parmi la moitié la plus pauvre de la population (mesurée par le ratio D6 / D1), notamment en Italie, mais également en Grèce et en Espagne. L'aggravation des inégalités au bas de la répartition ne se limite pas aux pays les plus touchés par la crise financière : entre 2008 et 2017, le taux de pauvreté a augmenté dans 19 des 27 pays de l'UE. La Suède et les Pays-Bas ont connu certaines des augmentations les plus fortes, alors que le chômage n'a pas augmenté dans ces deux pays au cours de la période, ce qui pose la question des politiques publiques. Au-delà de la reprise du marché du travail, il y a un besoin de justice et de soutenabilité sociale ; mais les moyens de les mesurer manquent.
Une première partie de cette note traitera de la force et des limites des ODD. Nous soutiendrons qu’ils sont ambitieux mais veulent trop entreprendre. Nous discuterons ensuite des synergies entre les objectifs sociaux et économiques et d’emploi. Les synergies et les arbitrages sont malheureusement absents du cadre des ODD. La troisième section traite des politiques qui concilient faible taux de chômage et faibles inégalités. Enfin, nous discutons de la nécessité de mesurer les inégalités globales au niveau européen.