Collectivite Auteur :
Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable
Date de publication : 15/05/2006
Type : Etude
Thème : Catastrophes
Couverture :
Maroc
Les nuisances sonores apparaissent souvent comme une gêne majeure éprouvée par les populations, d’où l’exigence d’en déterminer les caractéristiques.
La Directive européenne de juin 2002 relative à l’évaluation et à la gestion du bruit dans l’environnement est assurément le pivot du contexte réglementaire actuel et à venir. Des efforts de recherche sont donc nécessaires pour obtenir une meilleure compréhension des aspects fondamentaux de : la génération et la propagation du bruit ; sa perception, sa représentation et son vécu ; les nuisances sonores pour les opérateurs publics et privés, tout en prenant en compte l’acceptabilité par les citoyens.
Depuis quelques années, le Ministère de l’Écologie et du Développement durable et l’Ademe financent un certain nombre de recherches dans ce domaine. Des travaux portent notamment sur la gêne causée par les bruits des avions dans le voisinage des aéroports. Ils ont été conduits principalement sur l’exemple de l’aéroport de Roissy-Charles De Gaulle.
À la lumière de ces recherches, les approches acoustiques (qui étudient les propriétés des ondes sonores) et psycho-acoustiques (qui s’intéressent au fonctionnement du système auditif et du cerveau) ont montré leurs limites pour rendre compte des situations de gêne. En effet, la relation entre le bruit physiquement mesuré et la nuisance sonore éprouvée est particulièrement complexe. Les chercheurs ont donc été conduits à approfondir la question de la perception du bruit.
En premier lieu, la gêne ressentie par les habitants ne se révèle pas en relation directe avec la plus ou moins grande proximité des aéroports. En effet, elle dépend des caractéristiques de chaque événement sonore (intensités et fréquences), du rythme de succession de ces événements, du bruit de fond perçu par le riverain, de la sensibilité de l’oreille , de facteurs personnels, etc.
Ensuite, si la gêne est réelle, il est difficile de savoir exactement quelles sont ses conséquences sur la santé mentale et physique des riverains. Les études concernant les effets portent par exemple sur le temps et l’architecture du sommeil, sur les performances scolaires dans les écoles exposées au bruit ou encore sur les statistiques de prescriptions de médicaments à visée neuro-psychiatrique.
Par ailleurs, il a été observé une corrélation très forte entre la gêne ressentie du fait du bruit et un "indicateur de qualité de vie" construit à partir de quelques critères sans rapport avec la nuisance sonore : vie de couple, perspectives d’avenir des enfants, situation financière, relations au travail... Les gens qui sont "bien dans leur vie" au regard de cet indicateur minimisent ou relativisent la gêne perçue (sans cependant l’ignorer). En revanche, ceux qui "vont mal" au regard de cet indicateur ressentent cette gêne beaucoup plus durement.
Une autre observation qui a été faite est que les nuisances sonores en question sont mieux supportées (toutes choses égales par ailleurs) par des personnes qui travaillent dans l’aéronautique et les services aéroportuaires. Il a ainsi été suggéré de loger de préférence à proximité des aéroports ceux qui en vivent...
Si l’étude des aspects psychologiques et socio-économiques des nuisances a permis de dégager des éléments de connaissance utiles, elle a aussi mis en lumière des difficultés et des complexités qui nécessiteraient des efforts de recherche suivis. En particulier, la corrélation observée entre la gêne ressentie et l’indicateur de qualité de vie énoncée plus haut peut induire un effet pervers dit de déqualification de l’espace à proximité des aéroports.