Collectivite Auteur :
Destination Santé
Date de publication : 22/02/2006
Type : Article
Thème : Pollution
Couverture :
Maroc
Les allergènes les plus communs sont les acariens. Ils se réfugient plutôt dans les matelas et sommiers. Ces bestioles, invisibles à l’oeil nu, élisent aussi domicile dans la poussière. Voilà pourquoi moquettes et autres tissus muraux, qui retiennent la poussière, sont vraiment à bannir par les asthmatiques et allergiques. Les acariens « n’attaquent » que si on les déplace. Ils se réfugient dans l’air lors du ménage ou simplement lorsque vous marchez sur une moquette.
En revanche, les allergènes du chat et du chien sont en permanence mesurables dans l’air. Ils sont transportés par nos vêtements et peuvent donc se déposer partout. Dans une maison qui n’a jamais abrité d’animal domestique par exemple...
Méfiez-vous également des moisissures, apparentes ou non, qui squattent murs, moquettes ou matelas. Et même les restes de nourriture tombés sur le sol. Ils vont nourrir les blattes qui, elles aussi, transportent leur cortège d’allergènes et de bactéries. Jusqu’à 56 sur un seul animal, d’après un ouvrage publié par l’OMS. Et sur ces 56 espèces recensées, 14 sont pathogènes pour l’homme !
L’air de nos maisons renferme également de nombreuses substances chimiques. Comme le dioxyde d’azote libéré par les cuisinières à gaz, les poëles au fuel ou les cheminées à foyer ouvert. D’autres produits sont libérés en continu, notamment par des matériaux synthétiques contenus dans des meubles, des revêtements muraux, des colles, des vernis... Les spécialistes parlent de composés organiques volatiles.
Le plus dangereux ? Le formaldéhyde appelé aussi formol. Il figure sur la « liste noire » des cancérogènes établie par le Centre international de recherche sur le Cancer, le CIRC. Mais il est encore présent dans de nombreux produits d’usage courant : la colle utilisée dans les contre-plaqués et agglomérés de bois ou certains produits de traitement pour les sols en bois.
L’air de nos habitations se présente donc comme un mélange de toutes ces substances, biologiques et chimiques. Elles agissent les unes sur les autres. Un vrai bouillon de culture ! Mais la situation n’est heureusement pas sans remède.
La principale règle repose sur l’aération. Le simple fait de laisser pénétrer l’air frais élimine les traces d’humidité, abaisse la température et limite le développement des acariens. Le matin, aérez particulièrement les chambres. Matelas, moquette, rideaux, tentures murales... ces pièces collectionnent les nids à microbes. Le fait d’aérer deux fois par jour permet de les rejeter. Mais aussi d’éliminer la vapeur d’eau et le gaz carbonique que nous produisons au cours de la nuit.
L’aération devra être plus importante dans certaines régions. A cause du radon, un gaz radioactif, incolore et inodore, classé comme cancérogène depuis 1987. Il élit domicile dans les sous-sols granitiques volcaniques et s’il se disperse en extérieur, il tend à se concentrer à l’intérieur des bâtiments.
En France, les concentrations les plus élevées se trouvent en Bretagne, dans le massif central, les Vosges, en Corse et dans certaines zones des Pyrénées et des Alpes. D’après le Ministère de la Santé il serait responsable de 15% à 20% des cas de cancer du poumon qui surviennent chaque année en Bretagne. D’où l’importance d’aérer, mais aussi de colmater les éventuelles fissures pour lutter contre l’accumulation de radon.
Et si votre habitation est pourvue d’un vide sanitaire, veillez à ce qu’il soit aéré. C’est indispensable pour éviter des problèmes liés à l’humidité. De petites ouvertures grillagées suffisent pour le ventiler. N’hésitez pas à demander conseil auprès d’un architecte qui saura vous orienter.
Outre l’aération, veillez à maintenir une température de 18°C à 20°C. Evitez les ambiances surchauffées, favorables à la prolifération d’acariens. Faites aussi entretenir vos appareils de chauffage par des professionnels qualifiés. Surtout si vous utilisez une chaudière. Car une mauvaise combustion associée à des apports d’air insuffisants peuvent entraîner des intoxications au monoxyde de carbone. Chaque année en France, elles tuent 300 personnes et entraînent 6 000 hospitalisations.
Veillez aussi à ne pas obstruer les bouches d’aération, même par temps froid. Faites ramoner votre cheminée une fois par an par un professionnel. Il vous délivrera un certificat, nécessaire pour les assurances en cas de sinistre. Et utilisez vos appareils de chauffage d’appoint par intermittence, exclusivement dans des locaux bien ventilés.
En résumé, une habitation saine est avant tout bien aérée et bien chauffée. Mais aussi bien propre. Sans restes de nourritures qui traînent sur les meubles ou le sol, encourageant ainsi la présence de blattes. Sans poils de chiens ni de chats, qui doivent être soigneusement aspirés avec les poussières. Quant aux sols, murs et autres surfaces lavables, ils doivent être régulièrement lessivés. Les oreillers et couvertures enfin, doivent être lavés à 60°C, au moins à chaque changement de saison.
Evitez également l’usage de sprays pour meubles, désodorisants d’intérieur et autres aérosols. D’après une étude espagnole publiée récemment, ces produits ménagers seraient à l’origine d’un cas d’asthme sur cinq en Europe. Préférez les substances sans solvant. Est-il utile enfin de préciser que le tabagisme doit rester à la porte de l’habitation ? Des conseils à suivre à la lettre surtout si un allergique ou un asthmatique vit dans la maison.
En Alsace, Martine Ott, exerce une profession encore très rare dans notre pays. Elle est conseiller médical en environnement intérieur ou CMEI. Sur demande d’un médecin, elle passe au peigne fin le domicile de patients qui cherchent à identifier la source d’un asthme, d’une allergie, de maux de tête ou d’eczéma survenus subitement. « Les visites les plus fréquentes concernent les allergies aux acariens, et aux animaux » nous explique-t-elle. « Dans tous les cas, nous essayons de voir quel est le polluant incriminé avant de donner des conseils aux patients pour réduire l’exposition et donc leurs symptômes. »
Quelques exemples ? « Le matelas est souvent en cause. Lorsqu’il s’agit de problèmes liés aux acariens. La mise en place d’une housse spécifique fait que le patient n’est plus en contact avec ce que renferme le matelas. Nous conseillons aussi de laver plus souvent et à une température précise (n.d.l.r. 60°C) couettes, oreillers et couvertures. De remplacer une moquette par des sols lavables. Et bien sûr dans tous les cas, nous rappelons l’importance d’aérer ».
Une trentaine de ces professionnels exerce actuellement en France. Ils dépendent généralement d’hôpitaux, des services municipaux d’hygiène et de santé ou des DDASS, de laboratoires d’analyse médicale mais aussi d’associations. Dans tous les cas, les visites sont prises en charge par la structure. Elles sont donc gratuites pour le patient. Mais il reste impossible, pour le moment en tout cas, de contacter un CMEI sans prescription médicale.
Pour en savoir davantage sur notre air intérieur, rendez-vous sur le site de l’Observatoire de la qualité l’air intérieur à l’adresse www.air-interieur.org/. Un livre enfin : Allergie et environnement intérieur du Pr Frédéric de Blay, du Dr Florence Lieutier-Colas et d Anne Lefèvre-Balleydier, paru aux Editions Margaux Orange.