Date de publication : 06/02/2006
Type : Rapport
Thème : Pollution
Couverture :
Maroc
Dans un rapport intitulé « La pollution émise par les systèmes d’élevage intensifs », l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) exhorte les gouvernements à créer des mesures d’incitation en faveur de pratiques de production de lait et de viande respectueuses de l’environnement, indique un communiqué publié aujourd’hui à Rome.
« Les produits carnés et laitiers sont de plus en plus répandus et abordables dans de nombreux pays en développement. De 1980 à 2004, la production de viande y a triplé, passant d’environ 50 millions à 150 millions de tonnes. Elle devrait augmenter encore de quelque 110 millions de tonnes d’ici 2030 », indique la FAO, qui précise que désormais « les pays en développement produisent et consomment nettement plus de la moitié de la viande mondiale ».
Selon l’agence des Nations Unies, la croissance rapide de la production animale dans le monde en développement s’est concentrée essentiellement dans les grands pays, comme le Brésil, le Mexique, la Chine et les pays en bordure de la mer de Chine du Sud (Thaïlande, Viet Nam et Philippines).
Dans de nombreux pays en développement, les élevages intensifs ont déplacé la production des petites exploitations qui pratiquent aussi bien l’agriculture que l’élevage et recyclent les nutriments sous forme de fourrage et d’engrais.
La nouvelle production s’est orientée davantage vers l’élevage industriel de porcs et de volailles aux abords des grandes villes, au détriment du bétail au pré dans les zones rurales, précise le communiqué.
En Asie, la production industrielle compte pour environ 80 pour cent de l’accroissement total des produits de l’élevage depuis 1990.
Or, souligne la FAO, dans les systèmes de production industrielle, de grandes quantités de déjections animales s’accumulent loin des terres agricoles où elles pourraient être recyclées sans danger. Mais les denses concentrations d’élevages industriels créent de vastes quantités de fumier.
Ainsi, la production porcine et avicole concentrée dans les zones côtières de la Chine, de la Thaïlande et du Viet Nam est en train de devenir la source principale de pollution par nutriments de la mer de Chine du Sud, indique le rapport FAO.
Selon les estimations, la production porcine représente 42% des rejets d’azote et 90% des rejets de phosphore dans la mer de Chine du Sud.
Le ruissellement détériore gravement la qualité de l’eau de mer et des sédiments dans une des zones marines ayant la plus grande diversité biologique de la planète, menaçant les mangroves, les récifs coralliens et la végétation marine.
Parmi les principales formes de pollution liées à la gestion des déjections animales dans les élevages intensifs, la FAO mentionne le lessivage des nitrates et des agents pathogènes dans la nappe aquifère, qui met souvent en péril les réserves d’eau potable, le surplus d’éléments nutritifs qui nuit à la fertilité des sols, et la destruction d’écosystèmes fragiles tels que terres humides, mangroves et récifs coralliens.
« Les politiques des gouvernements, les réglementations de zonage et les taxes sont en mesure de décourager de grandes concentrations de production intensive près des villes », affirme le rapport.
« Taxes, programmes de certification et autres instruments de politique peuvent soutenir de meilleures pratiques de production animale », souligne le communiqué.
En Thaïlande, par exemple, la forte concentration d’élevages avicoles aux abords de Bangkok a été considérablement réduite en moins d’une décennie. En effet, dans un rayon de 100 km de Bangkok, les aviculteurs étaient contraints à payer des taxes élevées, alors qu’ils étaient exonérés d’impôt en dehors de cette zone.
Malheureusement, souligne la FAO, il existe encore des politiques dépassées et erronées qui encouragent la production animale écologiquement non viable. De nombreux pays en développement subventionnent les engrais chimiques, l’énergie et le crédit, qui tendent à favoriser davantage les grandes exploitations.
« L’élimination des subventions, l’harmonisation des taxes et l’offre de mesures d’incitation pour investir dans les technologies de réduction de la pollution pourraient réduire les dégâts causés à l’environnement par les élevages industriels », affirme l’agence des Nations Unies.