Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

Dans de nombreuses situations, les liens entre les fluctuations du trait de côte et l'évolution côtière ne sont pas toujours bien compris. Ainsi, les échanges sédimentaires entre l'avant-côte et le littoral, considérés comme importants sur les côtes dominés par la houle, sont difficiles à identifier surtout à moyen et à long terme (quelques années à plusieurs décennies). Les systèmes côtiers, où le transport sédimentaire est perturbé par les aménagements côtiers sur la côte et l’avant côte, fournissent généralement d'excellents exemples permettant de mettre en lumière ces liens. Cela est faisable lorsque l’ensemble des données bathymétriques d’avant côte, qui ne sont pas toujours disponibles, sont recueillies au fil du temps. La baie et la ville d'Agadir forment ensemble un des pôles de développement économique le plus important de la côte atlantique du Maroc. En utilisant une approche méthodologique basée sur la modélisation de la houle et des courants, le différentiel de levés topo-bathymétriques, la détermination de l’évolution du trait de côte et le suivi topographique de la zone intertidale,nous mettons en évidence les liens étroits entre les variations des petits fonds et la ligne du trait de côte. Ces liens impliquent à la fois les voies de transport cross-shore et longshore, les variations du budget sédimentaire et la détermination de cellules sédimentaires.
Au cours de cette étude, nous avons pu montrer que les changements qui ont touché le trait de côte et l’avant côte depuis 1978 reflètent clairement les impacts anthropiques notamment le blocage de la dérive littorale par les fondements du port d’Agadir qui se situent bien au-delà de la profondeur de fermeture de la houle. La construction du port d’Agadir, achevée en 1988, a conduit à la création d'une plage en accrétion au niveau d’Anza et à des pertes de sable excédant 145 000 m3/an au niveau de l’avant côte de la baie d’Agadir, entre 1978 et 2012. Le recul de la ligne de rivage a été aggravé par l'extraction du sable au niveau des dunes et par leur aplatissement pour mettre en place des infrastructures touristiques. Les modèles numériques de terrain réalisés sur une partie de la plage d’Agadir entre β01β et β01ε confirment cette perte de sable. Les variations saisonnières de la zone intertidale ont été suivies mensuellement sur une période de 2 ans (Avril 2013 à Janvier 2015). Pendant cette période le nord de la baie d'Agadir a enregistré une accrétion, alors qu’une récession a été enregistrée dans la partie sud. Ces changements ont entraîné la création de deux cellules divergentes de transport sédimentaire au centre de la baie au lieu d’une cellule unidirectionnelle qui a existé auparavant. Nous avons également suivi l’évolution morphologique de la zone intertidale de la baie en réponse à huit tempêtes qui ont lieu entre Janvier 2014 et Mars 2014. Les résultats obtenus par les simulations numériques montrent que les deux premières tempêtes sont responsables des changements morphologiques majeurs au niveau de la zone intertidale. Trois secteurs ont pu être identifiés en fonction de la dynamique sédimentaire de la plage : i) Le secteur nord protégé de la houle par le port d’Agadir est caractérisé par une perte nette d'environ 21% des sédiments totaux. ii) Le secteur sud exposé à la houle est caractérisé par une perte nette de l’ordre de 7δ% des sédiments totaux. iii) Le secteur de dune localisé à l’extrême sud de la baie d’Agadir qui n'a enregistré aucun changement significatif au cours des tempêtes.