Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

Dans le Rif occidental, la lutte antiérosive (LAE) a été développée selon deux stratégies différentes en fonction de leurs objectifs, échelles, conceptions et réalisations des techniques , et enfin de leur efficacité : la stratégie officielle de l’Administration et celle des paysans. Le Gouvernement a entrepris plusieurs programmes de LAE et de valorisation des terres. L’objectif principal est la protection des barrages, des aménagements hydrauliques et des ports contre l’envasement. Le ruissellement sur les versants est considéré comme la cause principale de l’érosion. Plusieurs milliers d’hectares ont donc été traités en terrasses de diversion (DRS fruitière) depuis les années 1940.
Parallèlement, sous les pressions démographique et foncière, les paysans ont développe des stratégies traditionnelles se basant sur la gestion rationnelle des terres productives, des eaux de surf&ce (pluie et ruissellement), des animaux et de la biomasse, sur des espaces réduits. Des réseaux de canaux pour l’évacuation des excès de ruissellement des chemins (pavage) et des parcelles agricoles (drains), des terrasses, des talus stabilisés, des bandes enherbées, des haies vives (embocagement) et des ravines végétalisées constituent un arsenal de techniques traditionnelles développées progressivement par les paysans pour mieux gérer l’eau et protéger les terres productives. La gestion des excès et manques d’eau et de nutriments est la clé de la valorisation des parcelles agricoles dans la montagne rifaine. Sur les bonnes terres des systèmes agroforestiers très riches en espèces se développent : c’est une forêt paysanne qui est en train de naître et de remplacer la forêt conventionnelle productrice de bois des forestiers.