Auteur :
Hanchane
Said,
Lahlou
Anas
Année de Publication :
2022
Type : Article
Thème : Gestion écologique
Couverture : Maroc
Les objectifs du développement durable (ODD) énoncés par les Nations Unies ont conduit au développement d'un cadre analytique qui permet de les piloter. Parmi ces objectifs, l'ODD 12 relatif à l'efficacité de l'utilisation des ressources naturelles a permis le développement d'un cadre comptable des flux de matières connu sous le nom EW-MFA (Economy wide material flow accounting) ainsi que celui de plusieurs outils économiques pour exploiter les données qui en sont issues. En parallèle à ce cadre, les Nations Unies ont édité avec l'agence IRP (International Resource Panel) une base de données des flux de matières dont la version de 2021 présente des données de très bonne qualité. L'objet de cet article est de faire une présentation rapide de ce cadre analytique. Ensuite de l'utiliser pour apporter une lecture économique et écologique du processus de développement du Maroc basée sur les flux de matières en complément à celle usuelle basée sur les flux monétaires. Cette lecture permet ensuite de proposer des voies de relance pour la prochaine période en conformité avec les contraintes de la transition écologique. L'analyse des flux de matières a pu montrer que le Maroc est passé durant les années 90 d'un pays à dominante de consommation en biomasse à un pays à dominante en matériaux de construction. Cette transition est un indicateur du passage d'un pays sous-développé à un pays en voie de développement. Les principaux éléments qui ont permis cette transition sont la politique démographique et les réformes institutionnelles menées durant les décennies qui ont précédé. La dominante des matériaux de construction, qui traduit une bonne dynamique du secteur des infrastructures, a permis au Maroc de réaliser une croissance forte durant les années 2000 avec un impact limité en termes de génération de déchets. Au milieu des années 2010, cette croissance commence à s'essouffler parallèlement à une stabilisation de la consommation de matériaux de construction. On montre que, dans un contexte de contrainte environnementale forte, le meilleur relai de la croissance se trouve dans la productivité des matières. En effet, cette productivité s'établit à 0,4 dollar 2015 le kilo pour le Maroc contre 1,5 dollar pour les pays développés. Les principaux leviers qui permettent d'améliorer cette productivité sont, la cohérence de la politique industrielle, la gestion intégrée des différentes substances sur la chaîne de valeur et finalement l'amélioration quantitative et qualitative de la tertiarisation de l'économie. L'activation de ces leviers nécessite de développer plusieurs outils pour le Maroc comme la planification écologique et économique intégrée, la labellisation rigoureuse des projets écologiques et finalement une meilleure identification physique et chimique des flux au Maroc.