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Caractérisation écologique, phytotechnique et zootechnique de ressources alimentaires locales pour les caprins dans les élevages du Nord du Maroc

Auteur : Boukrouh Soumaya
Collectivite Auteur : Université de Liège. Faculté de Médecine Vétérinaire. Département de Gestion Vétérinaire des Ressources Animales. Service d’Écologie de la Santé et des Productions Animales
Année de Publication : 2023
Type : Thèse / Mémoire
Thème : Ecosystèmes terrestres
Couverture : Maroc

Résumé/Sommaire :

Au Maroc, les deux tiers du cheptel caprin se trouvent dans les zones de montagne. Ces élevages contribuent jusqu’à 68% des revenus des éleveurs. Au Nord du Maroc, la race Beni Arouss, représente aux alentours de 8% du cheptel régional caprin ; c’est la seule race reconnue de cette région. Les caprins sont présents dans deux systèmes d’élevages différents, semi-extensif et extensif, et sont conduits sur des parcours forestiers caractérisés par une variabilité saisonnière de l’offre fourragère et un déséquilibre alimentaire qui ont pour conséquences une faible productivité des élevages. La recherche de nouvelles ressources alternatives et locales s’avère indispensable. Les légumineuses fourragères spontanées des pâturages naturels sont des éléments importants dans l'alimentation des ruminants, entre autres, grâce à leur teneur élevée en protéines. L’espèce Hedysarum flexuosum (Sulla flexuosa (L.) Medik.) est une légumineuse spontanée à la région du Nord du Maroc. En revanche, la légumineuse Vicia ervilia (orobe) et la céréale Sorghum bicolor (L.) Moench (sorgho) sont déjà cultivées par les éleveurs dans cette région ; elles sont exploitées principalement pour leurs grains. Dans la région Méditerranéenne, ces plantes apparaissent prometteuses quant à leur adaptabilité aux environnements marginaux et secs ainsi que leur faible exigence en intrants. Pour augmenter leur diffusion dans la région, il serait intéressant d’étudier leur valeur nutritive ainsi que leurs effets sur les performances animales et la qualité des produits animaux.
L’objectif de ce travail a été d’évaluer la caractérisation écologique, agro-morphologique et bromatologique des écotypes locaux (i) du Sulla flexuosa, (ii) du sorgho, (iii) et d’orobe, ainsi que (iv) la caractérisation des effets de l’incorporation du foin du Sulla flexuosa en replacement de la luzerne dans la ration de la chèvre de la race locale Beni Arouss sur la production et la qualité du lait et, (v) des effets des grains de l’orobe et du sorgho en remplacement respectivement de la féverole et de l’orge dans la ration, sur les performances et sur la qualité de la carcasse et de la viande de chevreaux Beni Arouss.
Pour réaliser cette caractérisation, 21 écotypes de Sulla flexuosa et de sorgho et 17 écotypes d’orobe ont été collectés dans la région du Nord du Maroc. Le sol a été échantillonné parallèlement et les coordonnées des sites de collectes ont été enregistrées. Les essais ont été conduits en blocs aléatoires complets durant les années 2018/2019 et 2019/2020. Le suivi des différents stades phénologiques a été réalisé pour les trois plantes. Pour le Sulla flexuosa qui est valorisée comme fourrage, la caractérisation morphologique, agronomique et bromatologique a été réalisée aux différents stades phénologiques. Pour l’orobe et le sorgho, la caractérisation agro-morphologique et bromatologique a été réalisée majoritairement au stade de la maturité physiologique. La caractérisation bromatologique a concerné l’évaluation de la matière sèche et minérale, l’extrait éthéré, les protéines, les fibres, la digestibilité, les phénols et tannins et l’activité antioxydante (pour l’orobe et le sorgho). L’évaluation du rendement et de ses composantes ainsi que les différents paramètres végétatifs ont concerné la caractérisation agro-morphologique. L'analyse en composantes principales et l'analyse des cartes thermiques ont permis de distinguer quatre groupes d'écotypes différents pour le Sulla flexuosa et cinq groupes d’écotypes distincts pour l’orobe et pour le sorgho. Pour le Sulla flexuosa, l’écotype E1 appartenant au groupe 1 était intéressant quant à son double usage (productivité, valeur nutritive et paramètres de reproduction élevés). L’écotype E21 du sorgho, appartenant au cinquième groupe, était un candidat à la sélection prometteur par son rendement élevé en grain combiné avec une énergie métabolisable élevée.
Concernant l’orobe, le deuxième groupe était le candidat le plus prometteur pour développer des variétés à haut rendement et nutritives dans les régions méditerranéennes. Pour l’orobe, les écotypes avaient présenté des rendements en grains intéressants (1 T/ha) par rapport à des écotypes de cette espèce dans la région Méditerranéenne mais qui varient en fonction des années. La teneur en protéines des grains a été relativement plus faible par rapport aux écotypes de la région méditerranéenne (22,9% MS). Le sorgho a présenté cependant, des rendements en grains intéressants.
Dans la perspective de la mise en culture et de l’utilisation du Sulla flexuosa en nutrition animale, une étude a été menée sur des chèvres en lactation pour évaluer l’effet de son incorporation dans la ration sur la production et la qualité du lait. Trente chèvres de race Beni Arouss ont été réparties en trois lots et du foin de Sulla flexuosa a été introduit à deux niveaux, soit 35 ou 70 % (SF35 ou SF70 respectivement), sur la base de la MS ; il a remplacé partiellement ou totalement le foin de luzerne de la ration témoin. Pendant trois mois, la production de lait a été échantillonnée. L'incorporation de Sulla flexuosa n'a pas affecté la production de lait ou sa composition physico-chimique. Cependant, la composition en acides gras du lait variait en fonction du pourcentage d'incorporation de Sulla flexuosa. Le régime SF70 était associé à une augmentation des proportions dans le lait de C18:1n-9, C18:2n-6, C18:3n-3 et C22:6n-3 et du total des acides gras monoinsaturés, polyinsaturés et n-3. En conséquence, les indices athérogènes et thrombogènes ont été améliorés. En outre, une meilleure capacité antioxydante a été observée dans le SF70.
Pour évaluer l’effet de l’incorporation des grains d’orobe et de sorgho sur les caractéristiques de la carcasse et la qualité de la viande des chevreaux, une étude a été menée sur 24 chevreaux de race Beni Arouss. Les animaux ont été répartis en trois groupes dont le groupe témoin qui a reçu un régime conventionnel à base de foin d'avoine, d'orge et de fèverole. Dans le premier groupe testé, la féverole a été remplacée par l’orobe, et dans le second, l'orge par le sorgho. À la fin de l'essai, les animaux ont été abattus et les caractéristiques de la carcasse et la qualité de la viande des muscles longissimus dorsi et semimembranosus ont été déterminées. Le régime a affecté le gain quotidien moyen et l'ingestion, mais pas le poids vif à l'abattage, le poids de la carcasse chaude et le pourcentage d'habillage (15,0 kg, 6,8 kg et 44,6 %, respectivement). Les régimes influençaient plusieurs paramètres mais pas de la même manière sur chaque muscle. En ce qui concerne la qualité de la viande, l’orobe a diminué la teneur en protéines des deux muscles.
Ces trois plantes peuvent donc être utilisées comme ressources alternatives dans les rations des chèvres. Les écotypes les plus intéressants seront diffusés et tous les écotypes seront conservés dans la banque de graines de l’INRA afin de maintenir la biodiversité végétale et d’améliorer la production caprine dans le Nord du Maroc.

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