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Des semis et des clones : Domestication de l’amandier (Prunus dulcis) à la frontière entre beldi (ici) et romi (ailleurs), Bni-Boufrah, Rif, Maroc

Auteur : Delplancke Malou Aumeeruddy-Thomas Yildiz
Année de Publication : 2017
Type : Article
Thème : Ecosystèmes terrestres
Couverture : Maroc

Résumé/Sommaire :

L’amandier (l’luz) occupe une place centrale dans un système agro-sylvo-pastoral de moyenne montagne semi-aride associant céréales, légumineuses, amandiers et élevage, chez les Bni Boufrah, société rurale du Rif marocain. Monnaie d’échange, voire monnaie courante, sa production constitue une sorte de banque sur pied ; les amandes à coques dures (l’luz beldi) stockées toute l’année se distinguent des amandes à coques tendres (l’luz snan ou l’luz romi) qui se conservent moins bien. Les amandes s’échangent contre des services, sont utilisées comme monnaie au souk, au rythme des besoins du foyer ou font l’objet de dons. Depuis la régénération naturelle dans la forêt, aux semis dirigés dans les champs, à la reproduction végétative par la greffe (telqem) dans les jardins, l’amandier se distingue par une gestion des semis (reproduction sexuée donnant une population diversifiée) et des clones (reproduction à l’identique par voie végétative) selon un cadre spatio-temporel au sein des territoires. Arbre prototype de l’est du Rif, les peuplements d’amandiers « intègrent » des apports successifs dans le temps, d’amandiers provenant d’ailleurs, de savoirs et de techniques qui fondent une tension entre l’ici, qualifié localement de beldi et l’ailleurs qualifié de romi, à l’image de l’identité des hommes sur ce territoire. Entre cueillette, agriculture et horticulture, les pratiques se chevauchent dans des espaces socialement différenciés. Aussi le statut de l’amandier varie depuis un arbre toléré, encouragé, vers un arbre fortement domestiqué et nous incite à penser la domestication d’une espèce dans son cadre spatio-temporel, celui des territoires et des paysages agricoles. Ancré dans le temps et dans l’espace, l’amandier fait le lien entre les générations, entre les vivants et les ancêtres, mais aussi entre ce qui vient d’ici (beldi) et ce qui vient d’ailleurs (romi), entre le traditionnel et le moderne. L’amandier nous révèle comment des hommes réconcilient temps et espace pour penser tout à la fois histoire et territoire. En combinant multiplication sexuée et végétative, les hommes inscrivent l’amandier et leurs propres vies dans leur territoire tout en intégrant les éléments provenant des frontières. Acteur central tout autant que les hommes, l’amandier fait ainsi partie d’un collectif hybride réunissant humain et non-humains.

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