Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

La présente étude vise à préciser les potentialités forestières, l’évolution récente, la dynamique actuelle et les perspectives de la gestion durable de la subéraie de Bab Azhar et ses bordures (façade NO du Moyen Atlas, Province de Taza, Maroc). En se basant sur l’approche géosystémique, nous avons identifié cinq Géocomplexes dont les caractéristiques écologiques et anthropiques varient sensiblement. La discrimination des unités inférieures (groupes de Géofaciès et Géofaciès) est basée sur des critères écologiques (substrat, sol, bioclimat, type de végétation, …), dynamiques (régression, stabilité et progression) et anthropiques (mise en valeur, aménagement, …).
L’approche des caractéristiques floristiques de la région repose et inspire des méthodes phytoécologiques et phytosociologiques à travers la réalisation de 204 relevés floristiques et 15 Géo-transects végétaux. L’évaluation de l’évolution spatio-temporelle de la subéraie et ses bordures est obtenue à l’aide de la méthode diachronique, à travers le traitement comparé de deux missions de photographies aériennes à grande échelle, de 1962 et 2008 (soit près d’un demi-siècle d’intervalle), et puis la réalisation d’une carte synthétique qui présente les tendances évolutives des formes d’occupation de sols. Les différentes unités cartographiées ont subi des changements structurels importants, dont la disparition de plus de 2480 ha de forêts (à raison de 54 ha/an) au profit des matorrals et des clairières, sous les pressions anthropiques (pacage, charbon, bois de feu et de construction, …) et l’insuffisance des interventions aménagistes.
Ainsi, la cartographie des structures paysagères actuelles à moyenne échelle (1/50000) nous a permis de cerner les tendances dynamiques à différentes échelles : groupes de géofaciès, sous géocomplexes et géocomplexes. Cette recherche a montré que ces géocomplexes portent une charge humaine importante, et en plus de la petite ville de Tahala, elle compte plus de 50 douars, distribués d’une façon inégale. L’enquête socioéconomique réalisée au niveau de 22 douars, dont la moitié est située en milieu de la subéraie, a montré l’importance des activités agro-pastorales dans l’économie traditionnelle locale. La propriété terrienne, les cultures, la composition du cheptel et le degré de dépendance vis-à-vis des forêts varient relativement d’un douar à l’autre et d’un géocomplexe à l’autre. La crise socioéconomique se manifeste par des aspects multiples, surtout le dépeuplement des secteurs au profit d’autres, l’insuffisance en matière des services de base, la forte pression sur les ressources forestières, la dégradation des écosystèmes et la pauvreté.
Malgré la dégradation des ressources et la crise socioéconomique, ces milieux méditerranéens multifonctionnels offrent encore des potentialités remarquables en matière du développement forestier et socioéconomique. Ce qui nécessite la modification des approches aménagistes en général, et forestières en particulier, surtout la motivation des formes de gestion communautaire des forêts, le développement des activités qui peuvent diminuer la pression sur les ressources forestières (le tourisme, l’artisanat, l’apiculture, …), et des équipements de base afin de lier entre la conservation des écosystèmes et l’amélioration du niveau de vie de la population locale.