Auteur :
Roche
Emile,
Kabonyi Nzabandora
Chantal
Année de Publication :
2020
Type : Article
Thème : Ecosystèmes terrestres
Couverture : Rwanda
L’analyse palynologique de deux séquences sédimentaires argilo-tourbeuses située dans le sud du Rwanda et dont la base remonte à ca. 2500 ans BP, l’une sur la dorsale Congo-Nil, l’autre sur le Plateau central, a permis d’élaborer une synthèse de l’histoire paléoenvironnementale du Rwanda méridional pour la fin de l’Holocène. Avant 2200 ans BP, sous des conditions climatiques froides et sèches, une forêt hétérogène méso-ombrophile occupe la dorsale tandis que des savanes herbeuses arborées couvrent les collines du Plateau central. Entre 2200 et 1800 ans BP, une augmentation sensible de la
pluviosité favorise le développement d’une forêt ombrophile afro-montagnarde et de savanes densément boisées dont l’optimum d’expansion se situe aux alentours de 2000 ans BP. Du 3ème au 5ème siècle, sous un climat à saisons plus contrastées, la forêt apparaît moins dense et la savane présente un aspect plus herbacé, intensifié par un impact anthropique. Au 6ème siècle, une pulsation climatique froide et sèche se signale par une intrusion d’éléments afro-subalpins en forêt et par un accroissement du caractère herbacé de la savane. Au 7ème siècle, on enregistre le retour d’un climat plus humide, mais
toujours froid favorisant la régénération de la forêt en montagne et d’une savane arborée sur les collines. Lors du passage du 7ème au 8ème siècle se produit un événement environnemental majeur, qui se poursuivra ensuite, à savoir l’évolution de la forêt vers sa configuration actuelle, avec un étage inversé de « forêt-parc », similaire de la « forêt-parc à Hagenia-Hypericum» des Virunga , sous des conditions climatiques fraîches entretenues par des brouillards. Par ailleurs, le caractère boisé de la savane s’intensifie sous un climat à précipitations modérées, à températures clémentes et à saisons alternées, proche du climat actuel. A l’aube du deuxième millénaire de notre ère, le milieu afro-montagnard voit se pérenniser les enclaves de « forêt-parc » qui évoluent toutefois vers un stade secondaire de « forêt-prairie » ; quant au milieu savanicole des collines, son caractère herbacé s’accentue sous la pression du pastoralisme.