Auteur :
Et-tobi
Mohamed,
Mhirit
Omar,
Benziane
Mohamed
Date de publication : 17/10/2008
Type : Actes de congrès / Séminaire / Atelier
Thème : Ecosystèmes terrestres
Couverture : Maroc
Le cèdre de l’Atlas occupe au Maroc près de 133604 hectares, soit 2,8% des forêts qui se situent dans le Moyen et Haut Atlas et le Rif. Les fonctions écologiques, socio-économiques et environnementales des cédraies ne sont plus à démontrer. Ce vaste patrimoine naturel est soumis depuis longtemps à nombreuses dégradations ayant abouti à d’importantes pertes de surface, notamment dans le Rif, où entre 1966 et 1986, le recul a été évalué à l’équivalent de 5000 ha/an. Plus tard, entre 1982 et 1992, l’IFN a estimé le recul forestier à l’échelle nationale à près de 25000 ha par an. Si l'on ajoute le changement climatique à ceux-ci, accompagné de vagues de chaleurs, sécheresse et une augmentation généralisée des températures ; la résilience et la capacité d’adaptation des forêts sont épuisées. Plus grave encore, de récentes études et inventaires forestiers montrent que l’étendue des cédraies affectées de dépérissement atteint 37% de la forêt de Senoual, 22% de celle de Bekrit, 40% de la forêt d’Azrou, 37% de la cédraie d’Aghbalou Laarbi, et 18% du massif de Jbel Aoua Sud.
Face à cette situation, les incertitudes et les risques à venir interpellent la réflexion du sylviculteur pour que les capacités d’ingénierie écologique soient accrues avec une attention particulière pour le maintien de la stabilité de l’écosystème, et en d’autres termes, maintien de sa santé, de sa vitalité et de sa capacité de reproduction. Pour cela, la sylviculture en tant que moyen d’action, doit être réformée et progresser pour intégrer le développement des connaissances et des techniques et pour mieux répondre aux évolutions prévisibles des aspirations sociales, mais surtout pour s’adapter à la crise des changements climatiques. Cette réforme est également urgente en raison de l’importance cruciale que représentent les forêts pour la survie des populations rurales, mais surtout en raison de leur rôle dans le bilan hydrologique. A ce sujet, le progrès à engager devra apporter les modifications et les amendements nécessaires aux bases institutionnelles, juridiques, sociales, techniques et administratives de la sylviculture, de l’aménagement et de l’exploitation des forêts.
L’article propose de nouveaux concepts, décrit un certain nombre de propositions et de mesure susceptibles de contribuer à une sylviculture permettant aux cédraies de s’adapter aux défis attendus. A l’image de nombreux pays, l’effort de changement doit être perçu comme une étape nécessaire à la gestion prévisionnelle des risques climatiques et de leurs potentiels impacts. Les sécheresses des années précédentes se répétant régulièrement peuvent aider à entrevoir l'évolution à attendre si les prévisions des modèles climatiques se vérifiaient.
Le temps est venu pour s’interroger sur les conséquences du réchauffement sur la gestion des peuplements forestiers, les problèmes que cela pose, et quelles réponses, peut apporter la gestion sylvicole pour assurer les services écologiques et environnementaux des forêts, pallier les dépérissements, pour prévenir ou anticiper les changements, et pour séquestrer le carbone. L’impératif de l’INDH doit mettre l’accent sur l’intérêt, voire la nécessité, d’une approche territoriale des questions forestières, vues comme un des facteurs du développement local. Nous proposons donc de réfléchir ensemble à la manière de mieux intégrer la forêt dans le développement des territoires. Avec ses nouveaux axes de réflexions, il paraît plus raisonnable d'agir plutôt que de ne rien faire afin de diminuer ce que serait le coût du statu quo et préserver l’intégrité et la santé de nos écosystèmes forestiers, et donc la valeur des investissements forestiers.