Auteur :
Saumure
Éric
Date de publication : 24/03/2006
Type : Actes de congrès / Séminaire / Atelier
Thème : Atmosphère
Couverture :
Maroc
Voir en ligne : http://french.epochtimes.com/news/6...
D’ici 2025, plus de 3 milliards de citoyens dans 48 pays souffriront des conséquences du stress hydrique. Et ce n’est pas tout. La qualité de l’eau de surface ne s’améliore aucunement, le surpompage des nappes souterraines s’accentue et les conflits d’usage reliés à l’eau ne font qu’augmenter. Tentant de trouver des pistes de solutions aux nombreuses problématiques reliées à l’eau, la communauté internationale s’est rassemblée du 16 au 22 mars à Mexico pour la tenue du 4e Forum mondial de l’eau.
Chapeauté par le Conseil mondial de l’eau, le forum rassemble les nations du monde entier sous le thème « Des actions locales pour un défi mondial » afin de sensibiliser la population et les principaux acteurs à cet enjeu. Loin de remplir les objectifs de la « Déclaration du millénaire » qui vise à réduire de moitié le nombre de personnes qui n’ont pas accès à l’eau d’ici 2015, le sort de plus d’un milliard d’hommes et femmes qui ne bénéficient aucunement de quantités suffisantes d’eau était discuté au Forum.
Pour David B. Brooks, spécialiste des ressources naturelles auprès du Centre de recherches pour le développement international (CRDI), « gérer localement permet de démocratiser et de décentraliser la prise de décisions et l’obligation de rendre compte. Bien orchestrée, la gestion locale donne aux gens (surtout aux pauvres et aux défavorisés) la possibilité de prendre part à des décisions qui façonnent leur avenir. Et elle encourage l’intégration du savoir traditionnel aux avancées scientifiques dans le but de favoriser une gestion efficace et équitable des ressources ».
À pareille date l’an dernier, le Forum alternatif mondial de l’eau se tenait à Genève et s’inscrivait dans la continuité des nombreuses actions des mouvements associatifs de tous les pays et de tous les continents. Tel que défini lors de la première rencontre de l’organisation à Florence en 2003, tous les participants à ce forum adhèrent aux quatre principes fondamentaux, soit l’accès à l’eau comme droit humain fondamental, l’eau en tant que bien commun de l’humanité dont nul peut s’approprier, la gestion de l’eau démocratique à tous les niveaux et le financement de l’eau assuré collectivement.
« La mise en pratique de la justiciabilité (sic) du droit à l’eau au niveau national, continental et international représente l’aboutissement ultime de la mobilisation souhaitée autour de ce plan d’action. On ne pourra, en effet, véritablement parler de mise en œuvre effective du droit à l’eau que lorsque des individus pourront revendiquer l’application de ce droit devant des tribunaux de leur pays ou devant des juridictions continentales ou internationales, qui auront le pouvoir de rendre des décisions obligatoires », dit un passage provenant du document de travail de ce forum alternatif Pour la mise en œuvre du droit à l’eau en tant que droit humain.
Justement, le Tribunal international de l’eau siègera cette semaine à côté du Forum officiel à Mexico et donnera un avis indépendant et documenté sur plusieurs cas de conflits liés à l’eau. Entre autres, le cas « La Parota » sera jugé cette semaine.
En bref, la Commission fédérale d’électricité du Mexique (CFE) entrevoit construire un méga barrage (900 MW) au nord d’Acapulco dans l’État du Guerrero. Selon les opposants à ce projet, 25 000 paysans seront affectés et plus de 17 000 km2 de terres fertiles et de forêts seront inondés à la suite de la mise en service du barrage. Afin de faire accepter le projet, la CFE n’hésite pas à utiliser tous les moyens disponibles, même la corruption. Le nouveau maire d’Acapulco, Felix Salgado Macedonio, a récemment déclaré à la presse : « La CFE m’a bien proposé de payer ma campagne électorale si j’approuvais le barrage ». Or, depuis la fin 2002, les esprits s’échauffent de chaque côté suite au blocage, jour et nuit, de tous les accès au site par les paysans. Trois paysans ont été retrouvés morts jusqu’à présent.
Publié en janvier 2005, le Manifeste des opposants est clair. « Nous vous disons de vous en aller. Que ces terres n’appartiennent pas à la CFE mais à nous et que La Parota ne va jamais voir le jour. L’eau de notre fleuve Papagayo n’est pas une marchandise en vente : c’est un bien commun qui appartient à la population de la zone et nous allons la défendre comme telle. Vous ne privatiserez pas l’eau. »
Dans la mouvance de revendication des droits des populations en minorité, le rôle réservé aux femmes dans les discussions relatives à l’eau se doit également d’être renforcé. « Pour comprendre la dynamique de l’utilisation et de la conservation de l’eau, il faut comprendre également ce que font ces femmes et pourquoi elles le font. Changer la façon dont l’eau est captée, entreposée et utilisée changera vraisemblablement la vie des femmes, pour le meilleur ou pour le pire. Elles ont le droit d’avoir voix au chapitre ; elles sont une source de savoir indispensable », dénonce M. Brooks dans son récent ouvrage L’EAU, Gérer localement.
En outre, le Forum de Mexico culmine le 22 mars avec la tenue de la Journée mondiale de l’Eau. Sous l’égide de l’UNESCO, le thème « l’eau et la culture » tient à souligner qu’il existe autant de façons de célébrer l’eau que de traditions culturelles dans le monde. Au cœur de nombreuses religions, l’eau doit retrouver, au sein de toutes les populations, ce caractère sacré afin de la protéger et de mieux la partager.