Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

Au Maroc, les oasis constituent une forme majeure d’adaptation de l’homme aux fortes contraintes de l’aridité du milieu.
Elles ont joué dans l’histoire un rôle important sur le plan social, culturel, politique et économique : elles ont développé des systèmes d’exploitation des plus intensifs pour subvenir aux besoins de leurs fortes concentrations humaines. L’aire d’étude couvre l’espace oasien du Tafilalet (Sud-Est marocain), en marge saharienne, le plus étendu de l’Afrique du Nord avec 40 000 hectares et 1 million de palmiers dattiers. Dans cet agrosystème, placé sous la dépendance des aléas climatiques et écologiques, la disponibilité de la ressource eau n’est pas toujours assurée et son utilisation est souvent malaisée ; sa recharge ou son alimentation naturelle peut fluctuer, voire être modifiée et limitée, et surtout d’autres usagers peuvent avoir des intentions sur cette eau. Face à ces aléas tant naturels qu’anthropiques pesant sur la ressource eau, les Filalis ont cherché, dès le début de leur histoire, à sécuriser leur accès à l’eau et l’usage qu’ils en font. Ils ont élaboré des techniques d’irrigation et des règlementations originales qui ont assuré la survie de leur agrosystème oasien. Cette contribution tente de montrer comment ces techniques et ces règlementations s’imbriquaient fonctionnellement aux structures sociales et aux manifestations culturelles qui prévalaient, selon une approche qui se veut « d’écologie culturelle ». C’est là un domaine d’étude particulièrement fécond et un modèle d’interaction société – environnement qui répond à la définition du concept riparia.