Auteur :
Deroubaix
José-Frédéric,
De Gouvello
Bernard,
Moreau de Bellaing
Cédric
Année de Publication :
2015
Type : Article
Thème : Economie de l’environnement
Couverture : France
Cet article rend compte de la manière dont s’est développée la réglementation nationale et comment la question de la valorisation des usages de l’eau de pluie a été inscrite sur l’agenda politique des collectivités pour aboutir à différents types d’incitation financière. Les auteurs s’appuient sur l’analyse de politiques d’incitation menées dans trente-deux collectivités. Huit collectivités présentant des formats d’incitation et des contextes de succès ou d’échec variés ont ensuite été investiguées de manière plus approfondie.
Au-delà de l’hétérogénéité qui les caractérise, ces différentes formes d’incitation étudiées semblent affranchies d’un réel impératif d’efficacité. Tout se passe comme si ceux qui les mettent en oeuvre ne cherchaient pas tant à faire en sorte qu’un nombre le plus important possible de personnes adoptent le système, mais plutôt comme s’il s’agissait d’amorcer une prise de conscience d’une « valeur écologique » de l’eau. L’hypothèse testée par les auteurs est que ces politiques d’incitation financière reposent sur la construction d’une valeur symbolique de l’eau de pluie, permettant de dépasser les controverses sur le bénéfice économique et social ou environnemental de la pratique. L’eau de pluie est un bien providentiel, possédant une valeur intrinsèque ; se servir de l’eau potable, au moins en ce qui concerne les usages extérieurs, c’est tout à la fois corrompre l’eau et la gaspiller. Dès lors on comprend mieux pourquoi dans les collectivités, élus et techniciens ont une prédilection pour ce genre d’instruments financiers. L’incitation financière encourage le caractère volontaire de la démarche de l’individu. Elle vient récompenser l’individu enclin à la lutte contre les gaspillages et à qui il est demandé, pour bénéficier de l’incitation, de payer une partie significative du coût de l’installation. L’incitation financière a une vertu « édificatrice » auprès des administrés et des autres collectivités. En ce sens ces politiques locales de récupération et utilisation de l’eau de pluie (RUEP) sont des politiques a-territoriales, car peu fondées sur des spécificités environnementales locales, mais elles font l’objet d’une territorialisation guidée par des enjeux proprement politiques qui consiste à mobiliser les administrés dans une politique affichée à l’extérieur comme exemplaire.