Auteur(s) :
L. Green
Nancy
Type : Chapitre/Extrait
Titre Collection :
De la violence et des femmes
Langue : FR
Collation :
P. 113-118
Mots-clés :
CRIME SEXUEL ; DELINQUANCE ; FEMME ; FILLE ; SEXUALITE ; FAMILLE ; ETATS UNIS.
Qui séduit qui ? Comment et quand la séduction devient-elle un crime ? Qui est coupable du «crime» de la séduction ? Comment faire une histoire de cette notion et analyser son évolution dans le temps ? Ces questions ne perdent rien de leur pertinence au XXème siècle, même, ou surtout, dans l’Amérique «puritaine» (ou plutôt «victorienne»). La prostitution, les grossesses répudiées par la famille, l'arrestation et l'incarcération des filles et/ou des garçons pour activités contraires aux bonnes mœurs ont débouché sur ce qui fut nommé au début du siècle le «girl problem». Des ouvrages qui ont pris comme objet ce «problème des filles», montrent comment le délit de la séduction fut construit sur fond de transformations socio-économiques et de définition de la sexualité féminine. Il s’agit moins ici d’une violence physique que d’une violence morale qui s’exerce contre la famille, contre la société. La violence physique des femmes et sur les femmes, n’est pas absente. Les lois qui condamnaient des filles infanticides et laissaient courir les hommes qui les avaient abandonnées en est une preuve. Dans le sud des Etats-Unis, après l'émancipation, les pressions sexuelles d’hommes blancs vis-à-vis de femmes noires et les viols collectifs lors des émeutes raciales continuèrent bien au-delà de la fin de l’esclavage. Mais plus souvent dans les cas étudiés, la délinquance se manifeste dans des familles marquées par des dysfonctionnements voire des abus sexuels et/ou physiques.Or, le «crime» des filles allait des sorties tardives et de la désobéissance tous azimut au crime ultime : les rapports sexuels en dehors du mariage. La question est de savoir comment la loi, les réformateurs et réformatrices, les familles et les filles elles-mêmes percevaient cette sexualité «criminelle».
N° de la microfiche : 043359