Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

La question de la femme, sa condition juridique, sa place et son rôle dans la famille et dans la société sont au centre de tous les débats, surtout en ces temps de mutations politiques, économiques et culturelles de notre société. Les tentatives de règlement des injustices et des discriminations dont la femme est victime, encore aujourd'hui, tardent cependant à aboutir de façon complète, cohérente et résolue.Les raisons des difficultés et des hésitations observées à ce propos sont, certes, d'ordre juridique. Le droit familial et successoral est l'une des rares composantes de notre droit positif qui se ressourcent directement et exclusivement du droit musulman. Celui-ci s'est formé et continue de se réclamer d'une pensée juridique particulière dont les sources principales, le Coran et la Sunna, composantes essentielles de la sharia, sont sacrées et dont le contenu normatif, le fiqh, procède d'une démarche technique spécifique, aussi complexe qu'aléatoire, d'adaptation, par l'explicitation (tafsir) et l'interprétation (ta'wil), aux réalités des relations sociales. Toute modification de ce droit familial et successoral doit prendre en considération cet ancrage religieux et composer avec la technique et le parcours institutionnel purement marocain d'élaboration des règles de droit musulman. La réforme des dispositions juridiques applicables à la femme en matière d'héritage se heurte à cette première difficulté. Mais les obstacles sont surtout d'ordre politique et social. Ils tiennent plus globalement à l'ambiguïté qui plane depuis longtemps sur notre capacité à choisir et à assumer clairement, politiquement et culturellement, le projet de société que nous souhaitons pour les générations futures.La controverse doctrinale souvent tranchée, émotionnelle plus que rationnelle, à propos de la réforme des règles de l'héritage est particulièrement significative de cet état de chose. Pourtant, la tendance générale de notre droit est porteuse d'une volonté de changement généralement favorable aux droits de la femme. Il reste à savoir si une avancée significative en matière de ses droits successoraux demeure possible et c'est ce que l'auteur met le point sur, à travers une réflexion pluri-disciplinaire sur l'héritage des femmes au Maroc.