Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

L'enfant a toujours constitué un objet d'études précieux pour les théologiens, les philosophes, les éducateurs, les réformateurs, etc. Les penseurs de l'Islam ont très tôt codifié sa vie du mariage des parents à sa puberté. Ils se sont penchés essentiellement sur les questions relatives à ses droits, à son éducation morale et religieuse. EI Ghazzali et Ibn Khaldoun, pour ne citer que les plus éminents, ont abordé l'enfant sous différents angles. Ainsi, l'enfant semble être la personne la plus «mise sur scène» pour des objectifs multiples : religieux, politiques, culturels, sociaux, etc. Les adultes parlent en son nom, le prennent comme référence en abordant des problèmes de grande envergure. Occulté dans sa personne et utilisé à des fins qu'il ignore, l'enfant participe ainsi, d'une manière déviée, à la construction de la société et à l'élaboration de ses projets futurs. Aussi, l'étude de l'enfant et de l'enfance au Maroc revêt-elle une importance spécifique à un moment où les problèmes politico-économiques et socio-culturels se posent avec plus d'acuité au sein d'une société en pleine transformation confinant au bouleversement. Appréhender un sujet aussi épineux à travers les représentations sociales paraît plus ardu car il ne se limite pas à analyser le vécu de l'enfant, mais à étudier également les aspects imaginaire et symbolique qui influent sur le vécu de l'enfant. Les représentations sociales sont des modes de connaissance, ayant des propriétés particulières. Elles émergent à travers les actions et le langage des individus dans leur environnement quotidien et jouent un rôle essentiel dans les rapports sociaux en orientant les comportements et les conduites. L'analyse de l'enfance à travers les représentations sociales permet de la saisir dans sa réalité intrinsèque et de comprendre comment les adultes perçoivent l'enfant, déterminent ses besoins et tracent son avenir, et comment l'enfant y répond annonçant par là un changement social plus ou moins profond. Tenant compte de la mobilité de la représentation ou des images sur l'enfant (car elles évoluent en fonction de l'âge, du sexe, du milieu, etc..) on peut appréhender comment une société est conçue et vécue par différents groupes et générations. Les représentations de l'enfant pourraient ainsi constituer un excellent test prospectif du système de valeurs et des aspirations d'une société. Dans ce sens, ce travail a pour objectif d'étudier d'une part les représentations de l'enfant chez trois groupes cibles : les parents, les enseignants et les enfants, et tente d'autre part de confronter les résultats de terrain à des informations plus institutionnalisées (coran, textes officiels, plan de développement et manuels scolaires, publicité). La première partie de ce travail est consacrée à l'étude de l'enfant comme un être spécifique. Elle consiste en une analyse approfondie et selon les différents discours de la définition de l'enfance, de son développement et de ses besoins. Quant à la deuxième partie, elle aborde l'enfant comme enjeu des stratégies institutionnelles. Une étude détaillée de l'école, de la famille comme institutions de socialisation permet de s'interroger sur leurs fonctions sociales, sur la place qu'elles accordent à l'enfant et sur les rôles qu'elles lui attribuent. La perspective envisagée dans la troisième partie est une perspective futuriste. A partir des attentes, des aspirations des projections des parents, des enseignants et des enfants, le travail essaye de dégager les sphères de changement et de résistance.