Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

Le présent article tente de fournir une lecture postcoloniale de l'expérience de certains vétérans marocains de la Seconde Guerre mondiale. Au cours des trois dernières décennies du XXe siècle, de nombreux domaines tels que l'anthropologie, les études culturelles, les études féministes ou la critique littéraire ont montré un intérêt important pour le colonialisme en tant que sujet d'enquête pour mettre en évidence les impulsions derrière la soumission de l'homme blanc au monde non civilisé. En tant que forme de connaissance, l'orientalisme classe l'Orient comme arriéré et inférieur et légitime une intervention occidentale pour le dominer. Cet article tenter ainsi d'enquêter sur les rencontres désorientantes entre les soldats marocains et les Européens pendant la Seconde Guerre mondiale. Bien qu'ils soient des produits de l'idéologie coloniale, les vétérans affichent une intention austère qui résiste avec véhémence à l'empiétement colonial. Ils tentent de négocier l'espace entre le centre et la périphérie d'une manière qui leur confère la capacité de se débarrasser de la représentation coloniale et d'être des agents actifs dans la représentation des Européens comme des Autres. Les vétérans sont originaires de la région de Tadla-Azilal au Maroc. Brahim Aztam et Zaiter sont de Beni Mellal, et Mohammed Imaghri et Muha Utqadust sont d'Azilal. Ils ont fait preuve d'une immense compréhension des questions embarrassantes que je leur ai posées. L'histoire récitée dans cet article a été racontée par Zaiter, un soldat marocain qui a participé à la Seconde Guerre mondiale, en réponse aux questions d' auteur sur le point de vue des femmes françaises sur les soldats marocains en Europe.