Abhatoo - Centre Nationale de Documentation

"Le passé existe maintenant, en ce moment, il coexiste avec la perception que nous avons du présent. Il clarifie le présent et explique l'avenir, mais sans rien donner du confort douillet des évasions complaisantes, et il dépend d'une manière vitale de la sensibilité qui l'évoque". Il est clair que cette position ne saurait s'accommoder d'une conception qui ne verrait dans le passé qu'une simple accumulation d'événements, une simple masse inerte, une entité séparée, inaltérable, qui est derrière nous dans sa totalité et qui ne cesse de s'éloigner. En fait, les études consacrées à cette expédition sont rares, pour ne pas dire inexistantes, surtout au Maroc. Il y a cependant un énorme décalage entre ce manque d'étude et l'éclat et le rayonnement de l'événement. Autrement dit, le décalage entre l'événement-mythe et l'événement comme fait historique. Cette situation pousse à répéter ce que disait le pharaon de l'histoire africaine, Cheikh Anta Diop, à propos de l'histoire de ce continent : "Tout a été dit, sur elle, rien encore n'a été dit". Cette communication cherche à poser des questions et à stimuler la réflexion à propos du non-dit dans l'expédition d'Ahmad Al-Mansur au Soudan, qui constitue une partie importante dans l'histoire des relations du Maroc avec l'Afrique noire en général. L'objectif étant de dépasser les stéréotypes, les clichés et les images forgées par des discours élaborés consciemment ou inconsciemment, depuis longtemps, à propos d'un événement qui se situe entre le légendaire et le réel. Ainsi, une rencontre entre historiens marocains, historiens de l'Afrique noire et africanistes constitue une première. Elle est à la fois souhaitable et nécessaire dans la mesure où elle va permettre d'évaluer en commun le chemin parcouru dans les pays africains et d'évoquer les orientations de la recherche en cours.