Auteur(s) :
Kenbib
Mohammed
Collectivite(s) Auteur(s) :
Université Mohammed V. Faculté des Lettres et des Sciences Humaines - Rabat
Type : Livre
Titre Publication en série :
Thèses et Mémoires
Année de Publication :
1994
Langue : FR
Collation :
N° 21,
770 p.
: tabl., réf.
Mots-clés :
JUIF ; MAROC ; JUDAISME ; COMMUNAUTE ; COLONISATION FRANCAISE ; MUSULMAN ; COLONISATION ESPAGNOLE ; NATIONALISME ; CULTURE ARABO MUSULMANE ; MINORITE ETHNIQUE ;
SIONISME.
Les juifs formaient l'unique minorité autochtone non musulmane du Maroc. Ils se divisaient en deux grands groupes dont l'origine a laissé des traces. Les uns, les plus anciens, les "Tochavim", dérivent de la fameuse diaspora qui a caractérisé le peuple juif après la conquête de Jérusalem par l'empereur Titus au premier siècle après J.C. Les autres, les "Meghorashim", sont les descendants des juifs expulsés principalement d'Espagne et du Portugal lors des grandes crises de fanatisme chrétien. Malgré toutes sortes d'aléas, un modus vivendi généralement acceptable s'était constitué au cours de nombreux siècles entre eux et leurs voisins musulmans. Ainsi, l'on peut distinguer trois grands aspects de ces relations : Sur le plan des mœurs locales, les différences existaient notamment dans le costume, et surtout dans l'habitat. Il y avait des quartiers strictement juifs, mais ceux-ci n'avaient rien du ghetto (quartier où les juifs étaient obligés de résider), car les israélites pouvaient librement circuler dans les villes et même dans les campagnes, où ils étaient peu nombreux. Le second aspect concerne le commerce. Les diverses prescriptions qui interdisaient aux juifs certains métiers avaient cultivé en eux un goût et un talent dans les transactions les plus variées : Banques, ventes de marchandises fabriquées sur place ou importées principalement d'Europe occidentale, opérations immobilières de toutes sortes. Il va de soi que pour les plus riches (la coupure étant très marquée entre les juifs aisés et une sorte de prolétariat urbain très pauvre), de très nombreuses affaires ne se pratiquaient pas dans la plus stricte légalité. Mais, ces éléments n'avaient pas, loin de là, le monopole en la matière. Pour que pareilles affaires puissent aboutir, il leur fallait le plus souvent l'appui de hauts dignitaires locaux, dont les principaux étaient parfois tout puissants lorsqu'ils se trouvaient éloignés géographiquement de la capitale du sultan. Car entre le pouvoir et l'argent existe une relation qu'on peut appeler universelle, et qui affecte, tous les pays, de façon certes minoritaire mais toujours scandaleuse lorsque la vérité vient à être dévoilée. Le troisième aspect concerne la violence. Elle est plus fréquente dans les périodes où les crises agricoles liées à la sécheresse affament une partie de la population. Quels que fussent les difficultés, les coupures et les incidents violents, l'exemple du Maroc présente un intérêt exceptionnel. Une large majorité possédant théoriquement tous les pouvoirs a accepté pendant plus de mille ans de vivre côte à côte avec une minorité rigoureusement attachée à ses propres traditions. Ceci est une leçon incomparable pour les politologues et les hommes politiques eux-mêmes. On pourrait annoncer ainsi que l'immigration légale et ordonnée devenait un phénomène bienfaisant parce qu'elle enrichissait les cultures. L'histoire nous révèle ainsi que le racisme intégral n'est pas source d'une civilisation pure, mais un obstacle à tout enrichissement de la pensée. Que serait la civilisation espagnole sans les Ibères, les Romains, les Wisigoths, et les conquérants musulmans ? L'une des grandes préoccupations du XXème siècle dérive du fanatisme dans toutes ses formes. Lorsqu'il est de caractère religieux, il devient une abomination, car il est odieux de massacrer ou de brimer les autres au nom de principes religieux. Ce travail se fonde sur des recherches effectuées pendant une quinzaine d'années essentiellement dans les Archives marocaines, françaises, britanniques et américaines, sur les relations entre musulmans et juifs dans la société marocaine entre 1859 et 1948.
N° de la microfiche : 042902