Auteur(s) :
Zaim
Fouad
Type : Livre
Année de Publication :
1990
Langue : FR
Collation :
217 p.
: tabl., cartes
Mots-clés :
MAROC ; MEDITERRANEE OCCIDENTALE ; CEUTA ; MELILLA ; PROTECTORAT ; ESPAGNE ; CONTREBANDE ; COTE MARITIME ; FRONTIERE D’ETAT ; DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE.
De nos jours, le domaine méditerranéen marocain, de Ksar es-seghir à la Moulouya et de la Méditerranée à l'Ouergha, est une marge, un sous-espace périphérique au sein d'un espace national qui l'est déjà, une frontière oubliée au bord d'une des mers les plus sillonnées du globe. Le Maroc méditerranéen, jadis terre de passage et zone de contact entre le Blad as-Sûdan, l'intérieur du Maghreb aI-Aqsâ et les cités-Etats marchandes du bassin occidentalo-méditerranéen, est aujourd'hui un nordeste à la marocaine, synonyme dans l'imagerie générale de marginalité, de dénuement, de contrebande, d'émigration et de Kif . A un moment où la Méditerranée semble timidement sortir de l'engourdissement plusieurs fois séculaire dans lequel l'avait confinée la suprématie océanique, où l'Europe communautaire "se méditerranise", en intégrant avec la Grèce, l'Espagne et le Portugal ses franges méditerranéennes, avant de s'ouvrir dans les convulsions, où l'espérance fréquemment déçue, d'une union maghrébine, forcément méditerranéennes renaît de ses cendres, le Maroc, de son côté semble avoir résolument tourné le dos à sa façade méditerranéenne. Aujourd'hui, et depuis au moins la fin du XIXème siècle, le Maroc a basculé sur son domaine atlantique. Là où se concentrent désormais ses villes les plus populeuses, le pouvoir économique et le pouvoir politico-administratif, les richesses et les élites, les infrastructures et les industries, là où transite la majeure partie de ce que le pays produit, de ce qui circule et s'échange, s'importe ou s'exporte. Comment en est-on arrivé là ? Quelle place a occupé le domaine méditerranéen dans l'organisation spatio-économique du Maroc ? Comment un pays longtemps polarisé autour de ses cités impériales de l'intérieur (Fès, Meknès, Marrakech), puisant une part importante de ses richesses matérielles dans son substrat saharien et africain, tourné vers le bassin Occidentalo-méditerranéen par le biais d'un certain nombre de ports et de rades d'abord méditerranéennes (Sebta, Nokour, Badis, Ghassassâ, Melilla...) a-t-il pu basculer aussi systématiquement, aussi irrémédiablement, sur sa frange atlantique du Nord-ouest ? A quand remonte ce mouvement de bascule ? Est-il récent ? Faut-il le dater, au plus tôt, de la fin du XIXème siècle comme on le fait communément ? Le processus n'est-il pas en œuvre depuis bien plus longtemps ? Depuis la fermeture, par les puissances ibériques (Portugal et Espagne) au cours des XVème et XVIème siècles, du Maroc à la Méditerranée par l'occupation ou la destruction de ses points côtiers méditerranéens névralgiques ? Comment un pays virtuellement méditerranéen, doté d'un littoral méditerranéen de près de quatre cent kilomètres, détenant, avec la rive sud du détroit, une des clés de la mer intérieure, entretenant l’essentiel de ses rapports avec des nations du pourtour méditerranéen, est-il à ce point océanisé ? Comment une région, le Maroc méditerranéen, autrefois espace de confluences, aboutissement des circuits caravaniers de grande amplitude, terre de contact avec les peuples et les cités marchandes riverains de la méditerranée, est-elle devenue la marche Frontalière qu'elle est de nos jours ? Que sont devenues Sebta, Nokour, Badis, Ghassassâ et Melilla, entre les mains portugaises et espagnoles ? Quelle est l'histoire de leurs rapports avec leur hinterland, et quelle responsabilité portent les enclaves espagnoles dans la marginalité du domaine méditerranéen ? Telles sont les questions qui forment la trame de ce travail.
N° de la microfiche : 042903